Voyager plus propre. A chaque fois que je prends l’avion, j’ai l’impression d’exploser mon bilan carbone ! Et Dieu sait si je prends souvent l’avion ! Mince consolation, je suis tombé sur un article du magazine "Aviation Civile", de la Délégation générale de l’aviation civile (DGAC). C'est l’administration française qui gère toutes les questions aéronautiques et aériennes. Son article affirme carrément que "L’avion de 2050 sera deux fois moins polluant". Une promesse, dans la foulée de la COP 21, qui atténue un peu ma mauvaise conscience. D’autant qu’il affirme que le transport aérien international ne représente que 2 % des émissions de gaz carbonique sur la planète…
… Mais d’ici 2050 le trafic aérien mondial devrait augmenter de 5% par an en moyenne. Certes la France s’est déjà engagée à ce que d’ici à 2020, la croissance des émissions de gaz à effet de serre pour les avions de construction européenne reste neutre par rapport à 2005. Malgré l’augmentation prévisible du trafic. Comment dans ces conditions l’industrie aéronautique pourrait-elle produire des avions deux fois moins polluants 30 ans plus tard ? Certes la consommation des avions au regard de leur puissance diminue déjà de 10 à 15 % d’une génération d’avions à l’autre. Mais pour atteindre l’objectif fixé pour l’horizon 2050, dixit un expert de la DGAC, il faudrait réduire la consommation de 30 à 40 % pour les prochaines générations d’avions ! Comment est-ce possible ?
La seule solution est clairement donnée : par l’innovation et "par des ruptures technologiques". La DGAC présente 4 pistes possibles de "sauts technologiques ambitieux". Un vrai voyageur ne peut pas y rester indifférent :
- Des avions en composite : leur structure est allégée et leur masse réduite, et donc la consommation de carburant diminue. Les constructeurs d’avions savent déjà le faire en partie. Mais tout l’enjeu de la recherche est d’obtenir, à des cadences d’utilisation équivalentes à celles des avions d’aujourd’hui, des composites aussi résistants et durables que des alliages métalliques.
- Des moteurs plus performants moins gourmands et plus propres : leur masse va diminuer, ils émettront moins de gaz polluants et seront moins bruyants même s’ils sont plus grands.
- Des avions plus intelligents : Leur informatique de bord les reliera plus efficacement à l’extérieur, notamment au contrôle opérationnel au sol. Ils pourront ainsi adapter en permanence leur trajectoire aux conditions météo et de trafic pour économiser leur carburant.
- Des avions à énergie électrique. Il ne s’agit pas encore du tout électrique comme Solar Impulse, mais du "plus électrique". L’énergie électrique prendra la place des autres formes d’énergies (hydraulique, pneumatique, mécanique) pour gérer toutes les fonctions brèves d’un vol (train d’atterrissage, surfaces mobiles des ailes, freinage, roulage sur les pistes, pressurisation de la cabine). Ce transfert à l’énergie électrique permettra de réduire substantiellement le poids et la consommation des avions.
Bien d’autres voies sont aussi explorées comme les carburants verts, l’aérodynamisme des fuselages, les piles à combustible, les moteurs hybrides, la modernisation de la gestion de trafic pour éviter les encombrements autour des grands aéroports qui obligent les avions à tourner,…
Ces promesses qui restent des promesses n’exonèrent pas les voyageurs à devenir plus responsables : par exemple essayer de réduire le nombre de ses déplacements en avion en privilégiant autant que possible les longs séjours aux courts séjours, choisir le train plutôt que l’avion chaque fois que c’est possible, privilégier le slow travel au voyage court et rapide, pratiquer la compensation carbone,… Toutes les idées sont les bienvenues et le débat reste ouvert,….