Des dégâts. Quelque chose ne tourne plus rond, c’est certain ; depuis 10 à 15 ans, partout dans le monde, c’est évident dans l’esprit des gens que je rencontre. Presque systématiquement j’entends dire : "on n’avait jamais vu ça avant !". En effet, il se produit de plus en plus d’événements climatiques sans précédents dans la mémoire humaine : des périodes de grandes chaleurs qui deviennent insupportables, des pluies beaucoup plus violentes que d’habitude qui provoquent des inondations meurtrières et des torrents de boue, des sécheresses jamais connues auparavant qui surviennent sans prévenir, des tornades qui apparaissent dans des pays où elles étaient inconnues, des plages qui reculent chaque année comme jamais, des hommes et des plantes qui ne reconnaissent plus les saisons, des glaciers dont la fonte s’accélère, etc, etc,… Et les attitudes des hommes ne font que les aggraver !
Il y a encore 10 ou 15 ans, il était encore de bon ton de se montrer sceptiques sur l’idée du réchauffement climatique en affirmant, par exemple, qu’on n’avait pas assez de recul pour en juger, que c’étaient des élucubrations de scientifiques ou des cycles normaux de la nature. Aujourd’hui le monde entier regarde impuissant des phénomènes inimaginables il y a seulement une ou deux décennies, en redoutant une accélération des phénomènes. Comme si des évolutions qui s’étalaient sur des millions d’années dans les temps immémoriaux se concentraient maintenant en 10 ou 20 ans.
Personnellement, je ne suis pas expert et je n’ai jamais vécu d’événements vraiment anormaux pendant mes voyages. Je me souviens pourtant à Caracas au Venezuela, par exemple, ou à Kuching dans l’île de Bornéo ou encore sur la route entre Dakar et Saly au Sénégal d’avoir été impressionné par des pluies diluviennes provoquant des inondations fulgurantes, la route étant transformée en quelques instants en une rivière impraticable. Ou encore, dans un petit bateau entre l’île Saint-Martin et l’île de Saint-Barth dans les Caraïbes, j’ai cru ma dernière heure arrivée tellement les paquets de mer passaient par-dessus notre embarcation, ballottée comme une coquille de noix dans une tempête. Mais ce n’étaient que des phénomènes saisonniers à peu près normaux !
En revanche, en faisant attention, j’ai compris que des situations ou des attitudes anormales grandissaient, pas forcément spectaculaires. Parmi les dizaines de milliers de photos de mes voyages, j’ai retrouvé quelques clichés qui me parlaient et dont je vous livre quatre petits échantillons au moment de la COP 21 (21ème "COnférence des Parties" sur le climat). Ce sont autant d’indices, parfois ténus, montrant que, tel que nous le pratiquons aujourd’hui, le développement n’est pas durable. Beaucoup d'espèces qui nourrissent notre chaîne alimentaire sont en train de disparaître. J’invite d’ailleurs chaque voyageur à devenir lui-même témoin et à contribuer à une prise de conscience de l’urgence absolue de changer les comportements et de chercher chacun à son niveau des solutions.