Les pérégrinations des humains. "En avant … marche !" dit un des premiers panneaux de ce musée. Car l’espèce humaine a toujours été mobile et voyageuse. J’ai compris que sa bipédie et son intelligence lui ont donné le goût de l’aventure et qu’elle a pu ainsi progressivement coloniser la planète. Le nouveau musée de l’homme met en scène cette errance perpétuelle des hommes tout autour de la terre. Je l’ai visité avec un grand bonheur en me reconnaissant profondément dans cette humanité qui bouge. A voir absolument !
En effet, le Musée de l’homme du palais du Trocadéro à Paris qui était fermé depuis 2009 vient de rouvrir ses portes en cette année 2015 avec une superbe remise au goût du jour. Il n’est plus un entassement poussiéreux de crânes antédiluviens n’intéressant qu’une poignée de professeurs Tournesol de l’anthropologie. Certes il expose dans la "Galerie de l’homme", encore quelques séries de crânes, mais l’histoire de l’humanité y est mise en scène sur 2500 m² de manière grandiose, esthétique, intelligente, lumineuse, préférant appuyer quelques traits plutôt que d’être exhaustive. Bref, cet espace moderne offre une muséographie contemporaine attrayante, s’appuyant sur des outils interactifs.
Parmi les 736 000 objets qu’il compte dans ses collections, le musée a par exemple extrait de très belles collections de portraits sculptés de femmes et d’hommes du monde. Ils ont été réalisés au XIXème siècle par des anthropologues du Museum qui voulaient inventorier les curiosités de l’espèce humaine. Cet échantillonnage est aujourd’hui le signe de la richesse de notre diversité. Ces bustes sublimes, tels qu’ils sont présentés, comme le montre la photo que j’en ai rapportée, sont pour moi le cœur émotionnel du musée.
En même temps, j’ai eu l’impression d’apprendre beaucoup de choses savantes. Par exemple que l’homo sapiens redressé est devenu beaucoup plus résistant dans sa marche que l’australopithèque. Il a pu ainsi se déplacer beaucoup plus loin, plus facilement, sortir d’Afrique et se répandre sur tous les continents. Puis ces nomades se sont sédentarisés et ont défini des territoires et des identités. Ce sont les relations commerciales qui maintenaient alors des liens entre ces nations cloisonnées…. ou bien les conquêtes et les guerres.
Tout a commencé à bouger de nouveau entre ces mondes séparés à partir du XVème siècle, à cause des grandes découvertes, des routes maritimes intercontinentales, puis de l’esclavage, de l’industrialisation et de la colonisation qui ont complètement bouleversé les paysages humains entre les continents. Ces événements ont ouvert la voie à la mondialisation galopante, qui, comme la mobilité humaine, s’accélère. Aujourd’hui, l’espèce humaine, qui n’est toujours qu’une espèce fragile parmi d’autres, apparue dans un coin d’Afrique, est devenue dominante et compte 7 milliards d'individus qui parlent 7000 langues.
Ce que j’apprécie dans ce nouveau musée est qu’il n'élude pas les questions fondamentales actuelles de cette humanité qu’il résume en explorant jusqu’ "aux frontières de la condition humaine". Non seulement, il plonge aux racines de l’humanité, mais il scrute son futur. Comme se le demande en ce moment la conférence actuelle COP 21 : l’espèce humaine par son agilité, son dynamisme, sa réussite, n’est-elle pas en train de précipiter sa propre perte ?
Musée de l’homme, Galerie de l’homme, 17, place du Trocadéro Paris 16ème