Le casse-tête d’une voyageuse juste avant son départ. L’idéal n’est-il pas de voyager léger, avec une petite valise ne contenant que le strict nécessaire ? Bien sûr, mais les bonnes résolutions ne suffisent pas. Qui n’a pas été obligé de s’asseoir voire de monter sur sa valise pour réussir à la fermer ? … pour découvrir, une fois pesée, qu’elle était encore trop lourde et qu’il fallait tout recommencer. Car les compagnies aériennes, à l’affût des ressources additionnelles faciles, sont de plus en plus intraitables sur les limites de poids.
Aujourd’hui, la compagnie aérienne que j’emprunte, affiche comme limites de poids sur son site Internet 23 kg en soute et 12 kg en cabine… Je pense au premier abord que c’est très confortable… Mais je pars pour près d’un mois et je dois retrouver sur place des amis et de la famille qui vont m’héberger pendant une partie du séjour. Ce qui veut dire un petit cadeau pour chacun et quelques produits alimentaires rares là où je vais… c’est-à-dire plus de 10 kg. Et, par exemple, les seules chaussures de rando balaises que je dois emporter pour les sorties en forêt tropicale remplissent à elles seules un bon tiers de ma valise et pèsent près de 2 kg ! Qu’à cela ne tienne, je me passerai d’une paire de chaussures de rechange ! Si j’en ai besoin, j’en achèterai une sur place, elle me coûtera d’ailleurs peut-être moins cher qu’en France. Je remplis donc sereinement ma valise en tenant de ma « check list voyages » pour ne rien oublier. Mais j’ai bien sûr du mal à la fermer.
Première pesée de ce bagage de soute sur le pèse-personne de la salle de bains : 32 kg ! Aie, aie, aie ! 9 kg de trop, c’est beaucoup. Je m’assois effondrée. Je dois reprendre les choses rationnellement : qu’est-ce qui m’est vraiment indispensable ou qui ne l’est pas ? Quels sacrifices dois-je faire ? Je sacrifie une paire de tongs (ça ne semble pourtant pas peser lourd...), une crème pour le visage très grande, un jean trop pesant, etc, etc,… Il faut un long dépouillement pour arriver à quelques kg.
Deuxième pesée : 26 kg ! Encore 3 kg de trop. Ca ne passera jamais à l’enregistrement, d’autant que mon bagage de cabine atteint déjà facilement les 12 kg, sans compter mon sac à main et mon ordinateur, que évidemment je porte à part puisque c’est toléré, ainsi que mon manteau d’hiver que je garderai sur moi jusque dans l’avion. Il ne me reste plus qu’à tout reprendre et à tout recalculer par le menu détail : un fond de tube de dentifrice suffira ; je divise par deux chaque catégorie de vêtement et de sous-vêtement, je fais le ménage dans tous mes produits de soins et les médicaments que je prenais par précaution, j’écarte un livre que je voulais lire,…
Troisième pesée : 24 kgs ! C’est un peu limite, mais je prends le risque d’affronter l’employé de l’enregistrement en jouant la bonne foi, mon sourire et l’imprécision de ma balance. Hélas, un coup d’œil panoramique autour de moi me révèle quelques oublis graves : les câbles de connexion de mon téléphone et de mon appareil photo, l’après shampoing pour démêler mes cheveux crépus resté sur la table de toilette, le cadenas de la valise, mon maillot de bain, et des petits objets indispensables disséminés,… Quelques grammes par ci, plus quelques dizaines ou centaines de grammes par-là, le tout se mesure en kg.
En catastrophe, je dois donc encore libérer quelques kg. Je joue sur les deux tableaux en déplaçant des vêtements de la valise vers le sac de cabine que j’allège de tout son superflu (eh oui, il en restait encore !)… L’ultime pesée révèle 24 + 12,5 kg. On est à la marge… Il est urgent de partir à l’aéroport.
J’arrive trempée de sueur, mais tout sourire devant l’employé de la banque d’enregistrement. Surprise, ma valise sur la balance montre 26,5 kgs ! Je m’écrie « ce n’est pas possible ! », je proteste. Souriant mais impassible, l’employé est intraitable : « je ne sais pas ce que disait votre balance mais celle-ci montre 3,5 kg de trop ».
Pas de problème, j’ai la solution : il suffit de basculer 3 kg dans la valise de mon mari, bon élève, dont le sac en soute n’affiche que 20 kg. On me demande donc de m’éloigner de la queue d’enregistrement pour ouvrir les valises….Petit problème, je ne me souviens plus du code du cadenas à 3 chiffres que j’ai acheté hier…. Réfléchissons bien : 000, 123, 987 … ? J’essaie et réessaie en vain, énervée et furieuse… rien à faire. Je me dis qu’un code à 3 chiffres à retrouver, ce n’est qu’un peu de patience et de méthode… Mais dans le brouhaha de l’aéroport, installée par terre dans le passage, je n ‘y arrive pas. Au bout d’une demi-heure, je dois jeter l’éponge !
Il me reste encore à recommencer la queue à l’enregistrement (une queue de plus !) car les vigiles ne veulent rien entendre, pour retrouver la case départ et m’entendre dire : il faut refaire une queue à la caisse pour régler un forfait de 50 € (qu’on présente quasiment comme un cadeau), et revenir à l’enregistrement… Mes derniers kg m’ont coûté cher, en argent et en stress !