La fin des plages. Profitez des plages car elles risquent de disparaître dans le monde entier d’ici à 2100, selon le pronostic de certains spécialistes ! Sans plages, les voyages, les vacances et les cartes postales ne seront plus ce qu’ils étaient.
Déjà nos plages sont largement grignotées : j’ai personnellement constaté leur recul en France, à Oléron par exemple, au Sénégal à Saly ou encore dans des îles de rêve en sursis comme les Maldives. Plus de 80 % des plages reculent dans le monde. En Floride, paradis du tourisme, 9 plages sur 10 sont en voie de disparition. Des îles ont déjà disparu en Indonésie, etc,…
L’enquête-reportage de Denis Delestrac, présentée il y a un an sur Arte a provoqué depuis sa diffusion beaucoup de débats (1) et elle reste d’une cruelle actualité. Construite comme un thriller, cette émission analysait les causes du recul accéléré des plages. La cause n’est pas seulement la montée insidieuse du niveau des océans provoquée par le réchauffement climatique ! Il y a aussi l’appétit d’ogre dévorant du BTP.
Seul le sable marin ou fluvial, rugueux et qui s’agrège, peut entrer dans la composition du béton alors que celui des déserts, poli par les vents, est trop lisse et rond. Ainsi, les trous creusés par le pompage de ces entreprises de bâtiment et travaux publics en mer sont comblés par le sable des côtes qui redescend vers le large, de sorte que les plages fondent. Un pays comme Dubaï construit sur le sable d’un désert, doit importer du sable de mer pour ses besoins énormes de construction.
Autre exemple, la ville-Etat de Singapour, qui étend sa superficie en entassant du sable a organisé un commerce illégal d’importation de cette matière première malgré l’embargo des pays voisins qui veulent se protéger. En Inde ou au Maroc, des mafias vident les plages pour faire face aux besoins énormes de l’immobilier.
Partout, les plages sont le gagne-pain des hôtels balnéaires mais ces derniers ont besoin de sable marin pour être construits ! Les plages qui reculent sont obligées de construisent des digues ou des brise-lames pour retenir « leur sable », … ce qui a pour effet des vider les plages voisines. C’est l’escalade. « Une action entraîne toujours une réaction ailleurs. Toute tentative de contrôler la mer est vouée à l’échec », souligne un expert dans cette inquiétante enquête.
D’autant que le sable est une ressource non renouvelable. L’essentiel du sable marin vient de fragments de roches descendus des montagnes par les rivières et les feluves. Il faut des centaines, voire des milliers d’années pour que des roches moulues en grains de sable atteignent la mer.
Or plus de 800 000 barrages ont été construits dans le monde et retiennent ce sable dans les rivières qui subissent de surcroît des extractions massives dans leurs lits. A moins de produits alternatifs comme le recyclage du verre, le sable ne nos plages finira emprisonné sous le bitume des routes et autoroutes ou dans le béton de nos immeubles. Et les voyages et les vacances, sans plages, n’auront bientôt plus alors la même saveur.
Arte 22 avril 2014, 20 h 50.
(1) http://future.arte.tv/fr/sujet/nos-plages-court-de-sable