Le voyage impossible. La catastrophe nucléaire de Tchernobyl en 1986 a tout détruit de la ville de Pripiat, la plus proche du site… et de ceux de ses habitants qui ont survécu. Leur bonheur, leur santé, leur paix sont partis en lambeaux, leurs âmes même semblent irradiées et rongées. Le film réalisé en 2011 par la documentariste Michale Boganim m’a profondément touché. Il raconte un impossible voyage de retour vers le bonheur, centré sur la très belle mais très mélancolique actrice Olga Kurylenko qui joue le rôle d’Anya, mariée le jour de la catastrophe et qui a perdu son mari le jour même.
Dix ans après, Anya est devenue guide francophone dans l’agence de voyage de Tchernobyl qui fait visiter les lieux de la catastrophe aux touristes étrangers. Elle accompagne des touristes français qui sont prêts à payer très cher pour visiter ces lieux de désolation où il n’y a rien d’autre à voir que des ruines fantomatiques, des murs vides, de l’abandon, de la non vie, juste pour dire "j’y suis allé" et se donner un faux frisson. Drôle de voyage voyeur et morbide, vers nulle part ! Mais Anya, en ce qui la concerne, est incapable de faire le voyage qui la libérerait et l’éloignerait de ce lieu de souffrances. Elle refuse de suivre son amant français qui lui propose de l’emmener à Paris.
Tout tourne autour du voyage dans ce film. La chanson « voyage, voyage » de Desireless revient d’ailleurs à plusieurs reprises comme une ritournelle. De même, un personnage secondaire, ancien ingénieur nucléaire, qui le jour de la catastrophe, en comprenant ce qui arrivait, avait tenté de sauver les habitants qui s’exposaient à la pluie irradiante en leur offrant des parapluies. Combat dérisoire et vain. L’accident nucléaire a détruit sa raison et il passe sa vie dans des trains pour tenter de rentrer à Pripiat. En vain puisque la gare a été supprimée. Il est devenu le voyageur sans fin d’un voyage qui tourne en rond.