Mille et un étonnements. Ce palais, le Puri Saren Ubud, où habitent toujours les descendants de la famille royale locale est ouvert à tous les visiteurs. Je me suis donc invité tout seul, glissé dans la foule des passants, touristes et pèlerins qui s’infiltraient dans les jardins foisonnants de cette étonnante résidence noble du cœur de la ville d’Ubud au centre de l’île de Bali, à l’écart des plages et des rizières.
Un lieu de paix, isolé du brouhaha de la cité par des murailles. Au milieu de la végétation, les statues étaient habillées de tissus de batik colorés et chatoyants et les espaces de réceptions fleuris étaient visiblement prêts pour de grandioses réceptions. Les bâtiments du XIXème siècle et du début du XXème où avaient régné les monarques restaient fermés aux visiteurs.
Car ce jour-là une fabuleuse cérémonie funéraire se préparait. L’un des membres de la famille royale venait de décéder et devait être incinéré en grande pompe. Dans un espace contigu au palais, un immense sarcophage destiné à la crémation se dressait en forme de taureau géant, multicolore et clinquant. Il côtoyait une "tour funéraire" en construction dans laquelle devait être transporté le corps du défunt.
Dans le passé féodal de Bali, Ubud avait acquis une importance particulière. Puis au début XXème siècle, elle avait bénéficié d’une renommée liée aux mouvements artistiques internationaux de l’époque. Cet essor avait été imprimé par un peintre et musicien allemand, Walter Spies, qui avait attiré des écrivains, artistes et intellectuels anglais, européens et américains dans cette ville du bout du monde.
Avant d’y venir, j’avais connaissance de la réputation de cette ville mythique d’artistes un peu comme Tanger, Dubrovnik ou Alexandrie. Mais en arrivant à Ubud, j’ai été happé et étourdi par le tumulte de la ville devenue très touristique, débordante de boutiques et de cafés. Il y a beaucoup d'autres choses à y voir, notamment des musées, mais mon refuge a été ce déconcertant et photogénique palais d’opérette.