La plage cool de l’île karma. Pour les voyageurs des sixties et des seventies, l’initiale "K" avait quelque chose de magique. Ceux qui avaient une âme d’alpiniste rêvaient d’atteindre le sommet du K2 dans l’Himalaya, celui du Kota-Kinabalu à Bornéo ou du Kilimandjaro en Tanzanie. Mais les routards qui se respectaient devaient avoir fait Kaboul et Katmandu, puis, plus loin, les innombrables K Thailandais comme KaoSan Road à Bangkok ou l’île de Koh Samui. Et justement, au-delà de Kuala-Lumpur en Malaisie, Kuta Beach dans l’île hindouiste de Bali faisait partie du graal des globe-trotters et backpackers. Au bout d’un voyage en Indonésie j’ai atteint cette plage mythique de Kuta… J’ai été un peu déstabilisé et KO.
Les "découvreurs" de cet endroit idyllique décrivaient jadis de paisibles villages de pêcheurs, au bord de longues plages désertes en forme de croissant sur un petit isthme de l’ouest de l’île. Un demi-siècle plus tard, comme Phuket en Thaïlande, Kuta Beach est devenue une Mecque touristique très urbaine et fébrile, lieu de "parties" et d’une vie nocturne trépidante autour de restaurants, boutiques, discothèques, clubs et pubs. La plage elle-même où déferlent en continu des rouleaux et des vagues puissantes est le terrain de jeu encombré des surfeurs australiens venus en voisins. Les planches à louer encombrent le paysage. Ici Les 3 S sont sea, surf and sun. Il faut y louer son transat et son parasol ou se réfugier sur les bars et restaurants en hauteur.
Ma première déception passée, j’ai trouvé un certain charme à Kuta Beach, toujours décrite comme un "dreamland", même si ce n'est plus le paradis de jadis. Je me suis calé au fond d’un transat à l’ombre d’un parasol. On m’a ouvert une noix de coco que j’ai bue. Les plagistes étaient souriantes et bon enfants comme tous les balinais. Des touristes chinois criaient en faisant des selfies dos aux vagues. La mer n’a pas changé. Les vagues qui partent d’un lointain bleu azur se transforment en turquoise au moment de se déverser puis en large tapis d’écume blanche quand elles se déroulent sur le sable jaune. Les ondulations et les arabesques des surfeurs sur les sommets et les flancs des vagues sont toujours aussi fascinantes. Hélas, je n’ai pas pu y voir le coucher de soleil qui reste le fin du fin sur ce spot, comme à Key west (encore un "k" !) en Floride en face de Cuba.