C’est l’angoissante question, juste avant un départ en voyage. Beaucoup de voyageurs se demandent si une check-list sert à quelque chose. En fait, chacun doit créer ou adapter sa propre liste à chaque nouveau voyage.
Il y a des oublis sans conséquences, genre brosse à dents qu’on peut acheter à l’aéroport ou à l’arrivée. Mais il y a des oublis sans appel, genre passeport, visa, certificat de vaccination obligatoire, carte bancaire ou médicament délivrable seulement sur ordonnance ! D’autres oublis sont gênants comme le fait d’omettre de glisser dans son sac de bord ses lunettes ou des pastilles pour la gorge avant un vol de 12 heures si on a déjà le pharynx qui picote.
Je me souviens de frayeurs énormes à cause d’inattentions. Une fois j’avais déposé un ami à l’aéroport et il avait simplement oublié chez lui sur la table au dernier moment son billet d’avion (non modifiable et non remboursable et, à l’époque, sans e-ticket). J’ai dû faire un aller-retour à son domicile comme si je conduisais une formule 1 ou que j’avais un gyrophare sur ma voiture ! Une autre fois, en quittant un jour plus tôt que ma femme un pays lointain, j’avais gardé dans mon sac … son billet d’avion… Quand, je m’en suis aperçu en France, j’ai réussi à retourner à mon aéroport parisien d’arrivée, trouver un avion en partance pour ce pays, confier le billet en question à un passager qui a pu le remettre en mains propres à mon épouse à l’aéroport où elle attendait pour enregistrer ! D’autres fois, c’est une lumière restée allumée à mon domicile ou une fenêtre non fermée qui m’ont gâché le plaisir d’un voyage.
Bref une check-list est utile avant tout départ pour essayer de ne rien oublier. Le problème est qu’il n’y a pas de check-list universelle mais il y a autant de check-lists qu’il y a de personnes et de voyages. En effet, chaque liste dépend du type et de la durée du voyage, du programme, des hébergements, du voyageur (homme ou femme, avec des enfants,…), du climat et de la météo, des risques sanitaires de la destination, de sa personnalité, voire de son humeur ou de ses envies...
Et, au final, la même lancinante question se pose toujours sur la route de l’aéroport ou dans l’avion : qu’est-ce que j’ai encore oublié ? Difficile de penser à tout ! Il faut donc naviguer entre deux risques : prévoir toutes les situations et se charger de beaucoup trop de choses ; alléger ses bagages, mais être obligé de rechercher beaucoup de choses sur place, parfois très chères ou introuvables.
Beaucoup de sites ou de blogs de voyages proposent une check-list type, jamais adaptée sauf quand elle est très spécialisée, par exemple sur la rando ou pour voyager avec des enfants,… Mais il reste toujours une adaptation personnelle à faire. Pour ma part, je préfère proposer à chaque voyageur de construire sa propre check-list avec une méthode. J’organise ma liste en plusieurs parties :
1- La liste anticipée
C’est celle qui prévoit tout ce qui doit être pensé et fait longtemps ou un certain temps à l’avance. Il ne suffit pas d’acheter un billet d’avion et des nuits d’hôtels ou un forfait dans une agence de voyages !
Par exemple, il faut se demander quelle est la validité requise pour mon passeport dans le pays ou les pays que je dois visiter (de plus en plus, il doit être valide 6 mois en amont de sa date de péremption) ? Faut-il renouveler ce passeport ? Combien de temps faut-il pour le renouveler ?
Faut-il des visas avant le départ ? Où, quand, dans quel délai et à quel prix les obtenir ? Quels vaccins sont obligatoires pour aller là où je vais ? Où faut-il les faire ? (certains comme la fièvre jaune ne peuvent pas être faits chez son médecin traitant mais doivent se faire dans un centre spécialisé). Ces vaccins si je les fais au dernier moment ne risquent-ils pas de provoquer une poussée de fièvre passagère ?
Ai-je les moyens de paiement qui conviennent (carte bancaire, chèques de voyages ou équivalents, devises) et les plafonds de retraits sur mon compte sont-ils adaptés à mes besoins dans ce pays ? Faut-il renouveler ma carte bancaire, obtenir des autorisations spécifiques de ma banque ? Ai-je retiré suffisamment de cash avant de partir ?
Ai-je prévu toutes les échéances de paiement (prélevées automatiquement ou non) comme les mensualités de crédits ou les formalités d’administrations impitoyables (Impôts ou Urssaf par exemple) qui arriveront en mon absence ? Comment seront-elles honorées ? Faut-il anticiper des paiements pour partir tranquille ?
Quels vêtements sont adaptés à ce voyage et ai-je tous ceux qui sont nécessaires, propres et repassés ? Lesquels faut-il acheter ? Où ? Faut-il en mettre au pressing ou au repassage si je n’ai pas le temps de m’en occuper ?
Qui va gérer mon domicile et pourra me contacter en mon absence (clefs au cas où, courrier à retirer, surveillance, plantes à arroser et animaux à nourrir, jardin,…) ? Lui ai-je laissé des consignes claires ? Quels proches prévenir en leur laissant itinéraire et coordonnées ?
Ai-je pensé à faire des copies (en papier ou en photo sur mon portable ou une boîte émail) de mes documents de voyages en cas de perte : titres de transports et vouchers, pièces d’identité, permis de conduire, assurance-assistance,…
Pour « ne pas voyager idiot », ai-je bien préparé mon itinéraire si je le prépare moi-même, ou ai-je assez de documentation pour connaître au minimum la destination si j’achète un circuit tout prêt ? Quel guide me sera le plus utile (ne pas oublier le facteur poids du papier) ? Dois-je acheter une bonne carte ?
Comment vais-je me rendre à l’aéroport ? Si quelqu’un peut m’y emmener sera-t-il disponible ? Faut-il réserver à l’avance un taxi ou acheter un ticket de métro pour éviter une queue de plus ? Combien de temps faut-il prévoir pour être à l’heure et éviter les plus longues queues ?
2- La liste bagage de soute
Premier réflexe : vérifier le poids autorisé par la compagnie aérienne. Ensuite il faut choisir la taille et la rigidité du bagage selon la nature du circuit (rando, sport, organisé en car, voiture de location, …). Il faut savoir qu’on revient toujours chez soi avec plus de bagages qu’à l’aller (souvenirs, cadeaux, doc,…) et qu’il est utile de prévoir dans sa valise un peu de mou pour le retour, à moins de savoir de quoi on pourra se délester sur place (ex chaussures usagées). Etiqueter ses bagages (nécessaire en cas de perte) et vérifier leur état et leurs fermetures ou se procurer un cadenas (sans clé de préférence). Dans ce bagage, il faut distinguer :
- Ce qui sera absolument indispensable sur place. C’est la liste de base incontournable adaptée à la destination. Par exemple, si j’ai prévu un long trek, des chaussures de rando adaptées et faites à mon pied sont absolument nécessaires, même si elles remplissent la moitié de mon sac ou de ma valise. Le choix des vêtements et chaussures dépend de la durée du séjour, du climat, du type de voyage (routard, vacances, sports, voyage professionnel, soirées guindées ou pas,…). Leur nombre peut être réduit si on est prêts à payer du nettoyage sur place (plus difficile si on change d’hébergement tous les jours, penser au sac de linge sale), à faire sa lessive tous les jours (attention le climat ne permet pas toujours un séchage rapide, sauf passage au sèche-cheveux, ou corde à linge et épingles à linge mises dans son sac !) ou à acheter ce qui me manquerait. Les vrais voyageurs privilégient le pratique, le confortable, le léger, l’infroissable,… aux tenues de mode ! Il y a aussi tous les produits d’hygiène et de soins (répulsif moustiques, moustiquaire imprégnée, produits solaires, nécessaire à toilette, médicaments et trousse de secours adaptés à son terrain physiologique et aux conditions du voyage, par exemple un aspi-venin en cas de longues randos dans la forêt de Bornéo ou d’Amazonie, lingettes désinfectantes ou désinfectant mains, un minimum de mouchoirs en papier qui servent à tout,…) : La tentation est toujours d’emporter trop de produits, trop lourds.
A regarder de près, tous les câbles et connexions avec une trousse ou un sac pour les regrouper : adaptateur électrique (identifier sur Internet les prises qui correspondent au(x) pays visités), chargeurs de téléphone, d’appareils photos, de tablette, rallonge avec multiprise si on emporte beaucoup d’appareils, car il n’y a pas toujours suffisamment de prises dans les hôtels. Une mini lampe de poche à dynamo peut être précieuse dans beaucoup de circonstances comme un couteau suisse, une paire de ciseaux, quelques épingles de sûreté ou un mini nécessaire à coudre. Ne pas oublier le(s) cadeau(x) pour la ou les personnes qui vous recevront sur place. Pour gagner de la place dans la valise, ce ou ces cadeaux peuvent être achetés à l’aéroport en zone hors taxe.
- Ce qui pourra éventuellement être laissé chez soi au dernier moment (en fonction du poids) et (ou) qui pourra facilement être acheté sur place en cas de besoin : serviettes de toilette ou de bains, grands (et lourds) flacons de cosmétiques, vêtements ou chaussures en trop grand nombre ou trop lourds, chapeau encombrant (dans beaucoup de pays on en trouve de beaux pas chers),…
3- La liste bagage de cabine
Il faut choisir le bagage en cabine adapté : exemple, pour un city trip de 2 ou 3 jours, une valise à roulettes au format autorisé par la compagnie (attention certains low cost font payer les bagages qui ne sont pas aux dimensions) ; souvent un petit sac à dos souple, léger et passe partout servira au quotidien pour les sorties hors de l’hôtel,…
Dans l’avion on y met :
- Les objets de valeur ou fragiles qui ne peuvent pas être laissés en soute : matériel photo et informatique, documents de voyage, papiers personnels et références du voyage,…
- Les objets nécessaires au confort du voyage : un minimum d’items de toilette (brosse à dent pax ex), livre pour « ne pas voyager idiot », musique, médicaments (traitement en cours ou pilules pour faire face à ses fragilités ou dormir), mouchoirs, crayon et carnet si on aime écrire, casque sono, bouchons d’oreilles, masque de sommeil, coussin appuie-tête, gourmandises,... Chacun a ses trucs et maniées. Prévoir un sachet de plastique transparent refermable pour le contrôle à l’aéroport des produits liquides ou pâteux (gouttes, dentifrice,…).
- Les objets nécessaires à la première journée à la sortie de l’avion, surtout si on a une longue journée à passer dehors avant d’aller à l’hôtel, selon la météo prévue à l’arrivée : vêtements adaptés, lunettes et crème solaire, casquette, parapluie, chemise ou tee-shirt de rechange,…
- Les vêtements à porter dans l’avion : souples, amples, chaussures faciles à déchausser et à remettre même si les pieds ont gonflé, bas de contention dans les très longs courriers pour les personnes sujettes (parfois jeunes) aux œdèmes de jambes, pull (il fait souvent frais dans un avion), foulard,…
4- La liste de dernière minute
- Ce qui concerne la maison : fermer les robinets (ex la chasse d’eau qui fuit) et les appareils électriques et électroniques qui consomment et chauffent, baisser le thermostat, fermer les volets et fenêtres, vider les poubelles, les produits frais du frigo et tout ce qui peut sentir ou moisir,…
- Ce qui ne doit pas être oublié au moment de fermer la porte dans le bagage de cabine. Par exemple ses lunettes ou son téléphone portable (batterie à plein et chargé de ses musiques), car souvent on les utilise jusqu’au dernier moment, ou encore ses papiers d’identité qu’on a oublié de sortir du blouson qu’on a changé au dernier moment et mis sur cintre dans le placard ! On évitera un demi-tour au taxi, ou un retour précipité.
Un conseil pour éviter de stresser dans la dernière heure : il est efficace de commencer à mettre dans sa valise ou son sac ouvert plusieurs jours à l’avance tout objet, à chaque fois que l’on pense à quelque chose qu’on devra emporter. Ainsi au dernier moment, sans mettre sa maison sens dessus dessous, il ne reste plus qu’à pointer sa liste pour voir ce qui manque ou arbitrer entre ce qui est nécessaire et ce qui l’est moins. Bon voyage ! Si vous faites une liste dites-nous comment vous vous y prenez.