Voyager cartes en mains. Quand je prends un vol long-courrier, je préfère m’asseoir côté couloir ("aisle seat" en anglais) car je peux plus facilement bouger mes jambes et sortir de mon siège. Il n’y a que le siège du milieu que je déteste. Mais, en fait, j’aime bien aussi le côté hublot ("window seat"). Dans ce cas, aussi bien de jour que de nuit, j’ai du mal à décoller mes yeux du paysage que l’on survole… tant que les nuages ne font pas écran. Un voyage est d’abord géographique comme le soulignait l’écrivain Joseph Conrad. Curieux par nature, j’essaie de mettre un nom sur chaque montagne, chaque ville, trait de côte ou dentelle côtière, île, fleuves, ou sur le damier des champs que je discerne plus ou moins distinctement selon l’orientation du soleil par rapport au hublot. L’exercice reste assez facile quand je survole des régions françaises que je connais. Il devient plus difficile au fur et à mesure que l’on s’éloigne de la France. Parfois des pilotes sympas annoncent que l’on aperçoit à droite ou à gauche telle ville, mais c’est de plus en plus rare.
C’est pourquoi je fais le lien avec le logiciel de suivi de vol en temps réel qui est proposé sur l’écran individuel en face de moi. Les vols intercontinentaux sont maintenant presque toujours équipés de ces écrans individuels. Ces logiciels de suivi sont apparus à bord des avions à partir des années 1980. Ils se présentent comme une succession d’écrans, zoomant de plus en plus près sur une carte de géographie l’endroit où se trouve l’avion. Le premier écran positionne le vol et l’avion sur une mappemonde par rapport à tout le trajet. Le second montre sa position sur une zone plus restreinte. On voit alors précisément quel pays on survole. Le troisième écran rapproche la vision sur les villes voisines de la zone de survol. C’est magique de comprendre que la côte que je vois par le hublot est celle d’îles grecques que je peux parfois nommer ou celle de l’Inde orientale ou encore que ces petites lumières disséminées la nuit sont celles de villages des haut plateaux éthiopiens !
Ces écrans successifs indiquent (en anglais et parfois dans une autre langue) le nombre de kms parcourus, le temps passé depuis le départ, le nombre de kms restant à parcourir et le temps restant jusqu’à l’aéroport d’atterrissage. Un écran spécifique complète ces informations de vol avec des mesures d’altitude (mètres et pieds). Il indique la vitesse de l’avion par rapport au sol (souvent proche de 1000 kms/h en altitude de croisière, parfois plus), son altitude (de l’ordre de 9 000 mètres soit 30 000 pieds en croisière), la température extérieure (souvent de l’ordre de – 50 ° centigrades en haute altitude), les heures locales de départ et d’arrivée. On voit aussi sur la mappemonde du premier écran une zone d’ombre qui représente les parties de la terre qui sont dans la nuit.
En suivant la trajectoire de l’avion dessinée sur l’écran, on comprend aussi que l’avion n’emprunte pas forcément la ligne la plus directe (dite "route orthodromique") pour aller d’un point à un autre. Cette ligne peut varier en fonction de la météo. Elle varie aussi à cause des pays en guerre qui utilisent des missiles de plus en plus puissants (cf le vol MH 17 de Malaysia abattu en 2014). L’avion est donc obligé de faire tes détours. La DGAC (direction générale de l’aviation civile) interdit certains pays aux compagnies françaises : Ukraine, Syrie, Irak, Libye, Yémen. Et beaucoup de compagnies préfèrent éviter Soudan, Somalie, Afghanistan, Pakistan, Sinaï,… Les trajets Europe Asie sont donc un peu zigzagants et les écrans de suivi de vol sont précieux pour comprendre.
L’avenir promet des informations encore plus riches pour connaître les paysages qui défilent sous nos pieds. Ainsi est apparue aux Etats-Unis une appli gratuite, complémentaire des écrans de suivi de vol à bord. Elle permet d’afficher sur son smartphone des informations sur les villes et les sites touristiques que l’avion survole. Elle fonctionne même en "mode avion" qui signifie que le smartphone est déconnecté du réseau. Cette appli, appelée Flyover Country suppose d’enregistrer avant le décollage les points de départ et d’arrivée de l’avion. Ce qui lui permet de télécharger avant le décollage toutes les données nécessaires à ce trajet. Pendant le vol, sans utiliser de wifi à bord, elle indique les sites intéressants, localisés grâce au GPS du smartphone, au moment où ils défilent en dessous. L’appli donne alors accès à des pages d’infos préalablement chargées de Wikipedia. Je n’ai pas encore testé cette appli. Si vous l’avez fait, dites-moi ce que vous en pensez. Les outils de suivi de vol disponibles à bord des avions sont une manière de "ne plus voyager idiot", ce pour quoi milite intrinsèquement Bestglobe.