Le cœur battant de Moscou. « La place rouge était vide, devant moi marchait Nathalie », c'était la chanson de Gilbert Bécaud en 1964. Moi aussi, j’ai vu la place rouge vide, mais seulement quand je l’ai traversée en pleine nuit pour aller boire un chocolat chez Pouchkine… un café qui n’a été créé que 25 ans plus tard, pas loin de la place rouge, par un français, comme pour faire écho à la chanson de Bécaud. En revanche, quand je suis allé sur la place rouge dans la journée, il y avait la foule. Les russes y étaient en famille avec les enfants et les amis, joyeux, riant et trinquant, pour s’y faire photographier entre les groupes de touristes focalisés sur les monuments.
Ce lieu vivant et animé qui fut celui du couronnement des tsars, servit ensuite de décor aux puissants et massifs défilés militaires et idéologiques de l'époque soviétique. Aujourd’hui son affluence y est aussi populaire qu’à Times Square dans New York, Trafalgar Square à Londres, la Puerta del Sol à Madrid, la place du Dam à Amsterdam ou les Champs-Elysées à Paris (qui gagneraient à n’être livrés qu’aux piétons comme la place rouge !). C’est un espace populaire et patriotique pour les russes et emblématique pour les étrangers.
On y déambule et on y fait les cent pas dans tous les sens. On visite la cathédrale, le musée, le mausolée de Lénine puis on va flâner dans les galeries commerçantes du Goum. C’est un peu le cœur battant de toute la Russie. Près de la Porte de la Résurrection des plaques de cuivre entre les pavés marquent le kilomètre zéro. Comme à la Fontaine de Trévi à Rome, beaucoup se prennent en photo en jetant une pièce par-dessus leur épaule gauche. Cet espace de paradoxes réunit ainsi dans une atmosphère festive, superstitions, religion, histoire, capitalisme, communisme et armée. Les policiers coiffés de képis géants, à cheval ou à pied, sont discrets mais très présents. Juste derrière la Porte de la Résurrection, près du tombeau au soldat inconnu, a lieu toutes les heures la relève théâtrale de la garde, comme devant Buckingham Palace à Londres avec les soldats coiffés de bonnets à poils d’ours ou comme à Athènes avec les evzones en jupes.
