Tout au long de ma visite, j’ai eu l’impression que la religion bouddhiste imprégnait discrètement les ruines d’Angkor. Renseignement pris, ce n’est pas qu’une impression. Selon les historiens, des moines bouddhistes s'étaient approprié les monuments lorsqu’ils avaient été abandonnés à partir du XVème siècle. Ils auraient même entretenu efficacement certains édifices comme Angkor Vat.
Depuis, Bouddha et ses adeptes n’ont jamais quitté les lieux. Leur présence est discrète mais deux signes très visibles attiraient tout de suite mon attention : les grands drapés orange safran enveloppant des statues de Bouddha, même très anciennes ou dégradées et les bâtonnets d’encens qui brûlent. Ces indices indiquent en général la présence d’une personne dévote qui entretient un culte autour d’une statue ancienne.
J’ai croisé plusieurs moines pudiques glissant comme des ombres en tongues à pas feutrés entre ces ruines mystérieuses. Le Internet de l’Unesco (car, cela va de soi, Angkor est au patrimoine mondial depuis 1992) parle de « patrimoine vivant » et écrit que les Khmers et la population locale « adhèrent à un grand nombre de pratiques culturelles archaïques qui ont disparu ailleurs, vénèrent les divinités des temples et organisent en leur honneur des cérémonies et des rituels comportant des prières et des musiques et danses traditionnelles ». J’ai pu le vérifier dans toutes les espaces et les anfractuosités des ruines au milieu de parfums d’encens qui flottent dans tous les courants d’airs.