Déambulations artistiques. En parcourant de long en large les rues de Mons, cette ville belge qui m’était totalement inconnue il y a encore quelques mois, j’ai ressenti la fibre de l’art à chacun de mes pas. Les poètes, peintres, architectes,… respirent derrière chaque pierre, chaque statue, chaque monument. Parce qu’elle a été choisie comme capitale européenne de la culture 2015, la ville a ouvert pas moins de 5 nouveaux musées d’un coup ! Il y avait tellement de choses à voir dans la petite journée que je lui avais réservée que je n’ai même pas pris le temps de voir un seul musée. Ce sera un prétexte pour revenir.
J’ai quand même entrevu un des nouveaux musées (juste son entrée), le Musée du Doudou. Le doudou ? Je pensais que c’était une collection de peluches d’enfants. Pas du tout ! Le doudou est l’âme de la ville de Mons. « Doudou » est la contraction de « Ducasse de Mons », une fête multiséculaire géante et très codifiée qui a lieu à la Trinité (le 31 mai en 2015) et qui est classée au patrimoine oral et immatériel de l’humanité par l’Unesco. On y voit, m’a-t-on expliqué, la chasse de Sainte Waudru qui défile dans un « car d’or » et un simulacre de combat gigantesque entre Saint Georges et le Dragon, combat que les locaux appellent le « Lumeçon »…. Rocambolesque ! Bref une fascinante effervescence à laquelle je me suis promis de revenir assister. J’avais déjà vu dans la région le Carnaval de Binche qui est resté un de mes grands souvenirs de voyage et qui vaut bien d’autres carnavals que j’avais vus dans le monde comme en Martinique ou en Guyane.
Partout, j’ai été impressionnée par la densité des arts et des lieux culturels de cette ville de Mons dont j’ignorais tout. Un de ses hauts lieux qui domine la cité est son beffroi (aussi au patrimoine mondial de l’Unesco). Il a la particularité rare d’être de style baroque. En haut de ses 87 mètres, il abrite un carillon de 49 cloches. Un peu en-dessous de ce beffroi, je n’ai pas manqué la collégiale gothique de Sainte Waudru, impressionnante par sa luminosité et ses richesses. Les moniales qui l’avaient fait construire aux XV et XVIème siècles avaient prévu de la couronner par une tour de … 190 m de haut… une folie qui n’a jamais pu être réalisée ! Les moniales avaient sans doute oublié de relire dans la Bible l’histoire de la tour de Babel !
C’est à Mons où il était incarcéré après avoir tiré sur ami Rimbaud que le poète maudit Verlaine avait déclaré avoir retrouvé la foi. Il a beaucoup écrit dans sa prison, par exemple, " l'espoir luit comme un brin de paille ". De fait la littérature imprègne la ville, on l’a vu avec « La Phrase » et les installations urbaines. J’ai aussi découvert au détour d’une ruelle une « guinguette littéraire ». C’est une sorte de librairie éphémère, un brain storming pour écrivains et leurs lecteurs installés en 2015 dans une demeure art nouveau, la Maison Losseau. Les arts bouillonnent à Mons !