Les touloulous sont les femmes de Guyane française masquées pour les soirées du carnaval. J’ai été plongé dans une de ces soirées étonnantes où elles mènent la danse. En Guyane française, le carnaval dure plus d’un mois, parfois presque trois mois selon le calendrier. Il commence juste après l’Epiphanie et se termine le jour du mercredi des cendres au début du carême. Pendant cette période, chaque nuit du samedi au dimanche, ainsi que le soir du mardi gras, une grande frénésie s’empare d'une partie des habitants de Cayenne dans deux grands dancings. Au cours de ces soirées, malgré une chaleur suffocante que des ventilos impuissants n’arrivent pas à atténuer, les femmes se retrouvent entre elles pour se masquer de la tête aux pieds, loin des maris et des copains et se parer de longues robes sorties du XVIIIème siècle. Elles débarquent au dancing absolument méconnaissables, on ne peut même pas deviner la couleur de leur peau puisqu’elles portent des gants. Ce sont elles qui choisissent les cavaliers, sagement rangés sur les côtés, ou essayant de faire valoir leurs qualités de danseurs. L’orchestre en live, au son des mazurkas, boléros ou valses, provoque des balancements, comme des vagues, de la foule des couples serrés collés, épuisant leurs phantasmes jusqu'à des « piqués » périodiques, qui sont des torsions du bassin très évocatrices. J’ai partagé jusqu’à l’épuisement ces moments torrides et étranges jusqu’au petit matin avec ces belles inconnues accrochées à mon cou. Heureusement ma femme était quelque part parmi ces inconnues et veillait sur moi.