Sourires de villageois. Dans ce village complètement isolé, quelque part entre la frontière thaïlandaise et Luang Prabang, je suis arrivé non par des pistes, mais par le fleuve, en accostant sur une plage de sable fin où la pirogue que j’avais empruntée est venue se poser puis s’amarrer. Le Mékong est la voie d’accès normale à ce petit village de Baan Huang Palam enveloppé dans la forêt. Sans les quelques pirogues accrochées sur la plage du fleuve on ne pourrait pas soupçonner la présence d’un village que la végétation cache entièrement. Ici habitent 80 familles de l’ethnie Khamu, soit plus ou moins 500 habitants. Je crois que je les ai presque tous croisés, entre les maisons ou sur le pas de leurs portes. Ils vivent de la culture du mil, du maïs, du riz et de l’élevage de cochons noirs et de buffles. Il suffit de 3 ou 4 buffles vendus 12 millions de kips pièce pour s’acheter une belle maison. Mais c’est un élevage très difficile car ces puissants animaux cassent les clôtures et il faut sans cesse dédommager les voisins des dégâts qu’ils ont causés. Les habitants chassent aussi les écureuils et le porc épic mais redoutent spécialement les ours noirs. Dans le village, chaque case, posée en hauteur sur pilotis, a sa parabole de télévision. Un villageois me montre les greniers à céréales qui ont des protections pour empêcher les rats d’y remonter. Les femmes, comme les birmanes, fument de gros cigares fabriqués localement. Je parcours librement les ruelles de terre qui me laissent une impression extraordinaire de paix et de sérénité. Le passage de notre petit groupe n’empêche pas les habitants de continuer à vivre normalement. Ce sont eux qui nous sollicitent pour des photos. Tous sont souriants et nous regardent amicalement mais comme des êtres étranges surgis du fleuve.