Modernité dans la tradition. Renzo Piano, vous connaissez ? C’est l’architecte italien qui a planté des réalisations aussi atypiques et sujettes à polémiques que le Centre Pompidou à Paris, le centre culturel Tjibaou à Nouméa ou la tour The Shard à Londres. Les autorités maltaises l’ont choisi pour réhabiliter le cœur ancien de leur capitale La Valette qui avait été abîmé par les bombardements de la seconde guerre mondiale. Entre les puissantes murailles de cette ville, l'architecte a bousculé tout un quartier dans lequel je me suis promené. Mais il a préservé l’unité de la pierre calcaire locale ocre rosé "à globigérine". Personnellement j’ai eu l’impression d’une intégration réussie de cet art contemporain entre les murailles du XVIème siècle et les immeubles du XIXème et il a ajouté des perles contemporaines aux nombreuses perles riches ou monumentales ou culturelles de cette ville aux ruelles denses.
Renzo Piano a ouvert trois chantiers. Le premier est celui de l’ouverture de la ville. La vieille porte de l’époque anglaise, ouvrant sur l’axe central de la ville, Republic Street, a été remplacée par un pont-passerelle au-dessus des douves et par des escaliers ouvrant une communication symbolique entre les deux parties de la ville, l’ancienne et la nouvelle. Juste derrière cette entrée neuve, il a construit un nouveau parlement. J’ai pu le visiter de fond en comble. J’ai été fasciné par les lignes des deux blocs de ce bâtiment, ultra contemporaines. Leurs pierres s’intègrent étonnamment entre les murailles et les façades d’immeubles anciens percés de "galerija" (fenêtres en saillies).
La troisième réalisation est peut-être celle avec laquelle j’ai le moins accroché, le théâtre de plein air. Il remplace un ancien "opéra royal" anglais de style néo-classique, resté en ruine depuis la dernière guerre mondiale. Renzo Piano a réinventé à cet endroit, en plein centre ancien, un amphithéâtre moderne de 1000 places à ciel ouvert en conservant quelques colonnes et escaliers de l’ancien bâtiment. Aux restes de pierres calcaires, il a mêlé des structures métalliques et des sièges très colorés (réminiscences du Centre Pompidou ?). Les spectateurs les plus en hauteur ont une vue imprenable à la fois sur la scène et sur les bâtiments voisins de l’époque des Grands maîtres de l’ordre de Saint Jean. Malgré toutes les polémiques générées par ces réalisations, Renzo Piano a montré que La Valette est une cité vivante et deviendra une digne "capitale européenne de la culture" en 2018.
