Bonne heure du thé. Comme les sujets de sa gracieuse majesté au XIXème siècle, j’ai découvert, au XXIème siècle, Cameron Highlands, une région montagneuse de la péninsule de Malaisie avec bonheur … à cause du climat. La Malaisie, un peu au nord de l’équateur, est vraiment chaude et cette escapade en altitude à 200 kms de Kuala Lumpur la capitale a été pour moi une bouffée de fraîcheur : à cet endroit la moyenne annuelle se situe à 18° (max 25°). La nuit, le thermomètre peut descendre sous les 10 ° ! Cameron Highlands ? Rien à voir avec le Cameroun ! Le nom vient d’un géomètre de l’époque de la reine Victoria, Sir William Cameron, qui avait été chargé de cartographier la région en 1885. Au centre de cette région, la ville de Tanah Rata et l’intense urbanisation qui l’entoure m’ont déçue.
Mais quand j’ai découvert quelques kms plus loin les plantations de thé, ce fut un étonnement et un pur plaisir des yeux. Entre les forêts, sur des vallonnements et des montagnes se déroulent d’immenses tapis d’un vert émeraude, frais, intense et apaisant. Elles m'évoquent les terrasses de rizières d'autres pays. De part et d’autre de la route, des arbustes bas s’étalent comme des moquettes sur des kilomètres. Des petits sentiers dessinés pour les cueilleurs composent une trame régulière. Je suis descendue au milieu de ces arbustes, régulièrement taillés à hauteur d’hommes et j’ai vu le travail harassant de ces cueilleurs qui, avec de longues cisailles, peuvent récolter en une journée plus d’une centaine de kg des plus tendres feuilles.
Puis je suis allée goûter ces fameux thés dans la principale plantation de la région. C’est le domaine de Sungei Palas, l’une des plantations du premier producteur de Malaisie, Boh Tea (pour « Best Of Highlands »), fondé par un écossais, J. A. Russell, dans les années 1920. Toute une histoire ! Le lieu est à la fois une usine, un musée et un salon de thé lumineux au milieu du vert infini des plantations qui l’entourent. C’est en dégustant un de ces thés dans l’hôtel Cameron Highlands Resort où je logeais que j’ai découvert une autre histoire, celle très énigmatique d’un américain, Jim Thompson, disparu dans ces montagnes il y a quelques décennies. J’ai terminé ma visite dans la forêt, sur un sommet fantomatique, à plus de 2000 mètres, enveloppé de brumes, le Gunung Brinchang.
