Flash-back chez Confucius. Au cœur du cœur de Hanoï, j’ai visité l’incontournable mausolée de Ho Chi Minh, somme toute assez récent, mais aussi un étrange temple confucianiste datant de l’époque de notre moyen-âge, le "temple de la littérature". Bien que le Vietnam affiche un nationalisme épidermique vis de son grand voisin chinois, le confucianisme a manifestement débordé de la Chine jusqu’ici.
En effet, on m’a expliqué que Confucius, à priori si éloigné de notre culture française, est un grand sage issu de la ville chinoise de QuFu, pas très loin de Pékin, qui vécut au VIème siècle avant notre ère, il y a donc plus de 2500 ans. Il avait élaboré une philosophie qui reste encore très influente dans la Chine contemporaine et même l’Asie. Confucius voulait élever spirituellement les seigneurs et rois de son époque et faire grandir la conscience morale de tous leurs sujets pour rétablir l’harmonie, la bienveillance, et empathie dans un pays divisé par les guerres. Les occidentaux confondent souvent le confucianisme avec une religion, quand ce n’est pas avec le bouddhisme ! Lors de ma visite , j’ai eu l’impression recevoir une leçon de confucianisme.
Dans le temple de Hanoï qui est consacré au sage, j’ai vu la statue de Confucius représentée les mains croisées l’une au-dessus de l’autre, comme l’exigeait l’étiquette de son époque, m'a affirmé le guide. La philosophie confucianiste n’est pas une religion, m'a-t-on affirmé. Pourtant ses disciples et la dynastie de ses descendants ont fait de leur maître Confucius une sorte de demi-dieu que ses adeptes vénèrent en se prosternant devant lui et en lui apportant des offrandes, enveloppées de vapeurs d’encens, dans le même respect que dans le culte des ancêtres qui imprègne tant le Vietnam comme j'ai pu le constater en visitant des villages.
C’est un empereur du XIème siècle qui construisit ce temple (Van Miêu - Quôc Tu Giam en vietnamien). Il en avait fait une sorte d’école pour former les élèves aux "6 arts libéraux" selon Confucius (rites du comportement social à la base du confucianisme, musique, écriture, calcul, tir à l’arc, conduite de char). D’où le nom de cette sorte d’université intellectuelle, le "temple de la littérature". La sélection des élèves y était rude. Il reste 82 curieuses stèles de pierre dressées sur des tortues et écrites en chinois qui témoignent de la réussite aux examens d’autant d’élèves mandarins entre le XVème et le XVIIIème siècles. Elles ont été classées au patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco.
L’architecture de l’ensemble du temple et de ses jardins (370 mètres X 70) est truffée de symboles qu’un esprit occidental a du mal à déchiffrer sans l’éclairage d’un bon guide. J’en ai fait une visite trop rapide pour en comprendre toutes les subtilités. Il s’articule autour de 5 cours intérieures successives correspondant aux 5 éléments naturels (feu, terre, eau, bois, métal), avec des bassins, fleurs, bonzaïs, sculptures. Un îlot de paix au milieu d'une ville vrombissante.