Je suis arrivé à cet endroit totalement par hasard. Personne ne m’en avait parlé. Je roulais à la recherche du village de Betancuria, la première capitale de Fuerteventura cachée en plein milieu des montagnes de cette île des Canaries. J’ai aperçu le panneau annonçant le « mirador » (équivalent de belvédère en français) et j’ai pris la bifurcation et la petite route sinueuse qui montait, par pure curiosité.
Quel choc en arrivant au sommet ! J’ai été submergé par la puissance des couleurs que je découvrais sous la lumière dorée d’une fin d’après-midi grêlée de petits nuages et de leurs taches d’ombre sur le sol. J’avais bien remarqué le long des routes les teintes un peu sud marocaines des terres de cette île rousse. Sur ce sommet, je découvrais une palette des nuances entre le jaune et le pourpre dont un peintre ne pourrait jamais disposer, et des nuances infinies : blond, ocre, orangé, abricot, melon, corail, poil de carotte ou poil de chameau, carminé, cramoisi, roussâtre, amarante, rouille,… Toutes se détachant sur le bleu électrique de la mer et le bleu azur du ciel. Ce n’est pas un paysage, mais une toile d’artiste.