Voyage en liberté. Il y a exactement un an des tueurs, invoquant des prétextes religieux, massacraient la rédaction de Charlie Hebdo. Immédiatement, ils ont réussi à réunir des foules contre eux. Le logo "Je suis Charlie" s’est répandu comme une trainée de poudre sur tous les continents. En témoigne, ce dessin que j’ai photographié quelques mois plus tard sur un mur dans une rue de Paramaribo, la capitale du Suriname, un petit pays d’Amérique du Sud, l’ex Guyane hollandaise. Dans beaucoup de pays, j’ai observé comme ici que le street art était une expression spontanée originale et populaire.
Peu de français sauraient situer le Suriname sur une carte et pour les habitants de ce petit pays, le magazine Charlie Hebdo ne représentait probablement rien. La plupart des personnes qui ont repris ce logo à leur compte à travers le monde ne cherchaient probablement pas à apporter leur soutien à la ligne éditoriale du magazine français mais manifestaient leur réprobation contre une barbarie sanglante et aveugle : on n’utilise pas des armes pour gommer des dessinateurs, aussi polémiques, provoquants et insolents soient-ils ; on ne réplique pas à un pied de nez par une rafale de mitrailleuse.
L’esprit de solidarité "je suis Charlie" qui s’est imposé dans les grandes manifestations de janvier 2015 n’a pas fait de ces manifestants des petits soldats à la gloire de Charlie Hebdo. C’était d’abord l’esprit de la liberté et du vivre ensemble. Ceux qui veulent vivre sans Dieu ont la liberté de le faire. Ceux qui veulent vivre avec Dieu ont la liberté de le faire. Ceux qui ne savent pas si Dieu existe ou n’existe pas ont la liberté de se poser cette question. La plus grande victoire des terroristes serait que la lutte contre le terrorisme fasse de ce jour de deuil une journée de lutte contre les uns ou contre les autres.