Pause gourmande dans la capitale d’Estonie. Le Maiasmokk Café ("kohvik" en estonien) est une institution de Tallinn, au coin des rues Pikk et Pühavaimu au cœur de la vieille ville… Au même titre que la confiserie Gerbeaud est une référence à Budapest ou Chez Sacher est incontournable à Vienne en Autriche. On y va autant pour le décorum et le service stylé de cette prestigieuse maison que pour ce qu’on va y consommer. Je n’ai pas résisté au charme de cette grande bâtisse très XIXème siècle et je me suis installé dans un des salons du 1er étage, près d’une fenêtre donnant sur les ruelles pavées du vieux Tallinn.
C’est à la fois un café, une pâtisserie et une confiserie vendant des chocolats, boissons, sucreries,… et surtout sa spécialité les figurines en "marzipan" (massepain ou pâte d’amande, cousine de nos "fruits déguisés" de Noël). Cette tradition qui aurait son origine à Lübeck au moyen-âge a conquis les pourtours de la mer baltique par l’intermédiaire des allemands de la baltique. Mais le savoir-faire de cette boutique de Tallinn était spécialement réputé parce que c’est elle qui fournissait la cour des tsars russes à la fin du XIXème siècle. 200 moules de cette époque sont toujours utilisés.
Le café est installé dans un immeuble qui avait été ouvert en 1806 comme confiserie par un certain Lorenz Caviezel, lequel est à l’origine du groupe chocolatier estonien Kalev qui est aujourd’hui propriétaire du Maiasmokk Café. Kalev qui avait été nationalisé pendant la période communiste est maintenant sous contrôle du groupe norvégien Orkla. En réalité, en 1864 Caviezel avait vendu sa confiserie à un de ses compatriotes Georg Johann Studel qui en fit le café qui a survécu jusqu’à aujourd’hui. Le lieu s’est longtemps appelé Georg Studel Café avant d’être rebaptisé Maiasmokk Café ce qui signifie "café gourmand", ou mieux "sweet tooth" comme disent les anglais, ce qui peut se traduire par "penchant pour les sucreries".
Heureusement que j’ai beaucoup marché dans les ruelles montantes et descendantes de Tallinn pour dépenser les calories que j’avais ingurgitées ce jour-là. J’ai goûté à de superbes pâtisseries d’inspiration germanique ou austro-hongroise en buvant un "vana tallinna kohv" (café du vieux Tallin). J’avais l’embarras du choix : "kohv suur" (grand café), "caffe latte", "iiri kohv" (café irlandais) et bien d’autres… Les grandes chaînes américaines de cafés n’ont rien inventé.