Un voyage transatlantique. Luzmira Zerpa, la chanteuse du groupe, entre sur scène pieds nus, habillée d’un costume et d’une coiffe multicolores, chargés de pierres scintillantes et de plumes, comme un oiseau chamarré descendu des hautes branches de la forêt Amazonienne. Elle commence à roucouler doucement, en se déhanchant seule et en grattant sa petite guitare à 4 cordes. Puis ses six musiciens entrent l’un après l’autre. Sa voix un peu rauque monte progressivement en puissance en même temps que l’intensité des percussions, la présence des guitares, les pointes d’énergie communiquées par une envolée de saxo ou de flûte ou des cavalcades de djembés.
Nous sommes embarqués pour un grand voyage épicé sur les deux rives de l’Atlantique, tant côté Amériques que côté Afrique. Les musiques de cette « famille » bigarrée africano-latino sont métisses comme le quartier de Hackney à Londres où le groupe est basé. Le nom du groupe lui-même, qui assemble d’ailleurs anglais et espagnol, en témoigne. Luzmira, avec son minois de métisse indienne, est vénézuélienne et sa voix fait jaillir la gouaille pétulante des faubourgs de Caracas. Lorsqu’elle chausse ses lunettes de soleil, on s’évade et on descend avec elle sur la plage de Copacabana à Rio.
Avec son compagnon, l’anglais Jack Yglesias, et le percussionniste mi nigérian mi ghanéen, Kwamé Crentsil, elle forme le trio de base du groupe. Ils assemblent de la rumba et du calypso, du tambor venézuélien, du highlife ghanéen, de l’éthio-jazz ethiopien, … On retraverse plusieurs fois l’Atlantique d’un côté à l’autre. Percussions et cordes dialoguent pendant que le chant de Luzmira jacasse, tempête, papote, crie, swingue, gémit, rebondit, se languit, accélère, comme ses pas de danses syncopés. La machine à rythmes entraîne la salle comme une locomotive, portée par un groove communicatif. Luzmira, qui se trémousse toute crinière déployée, fait monter en transes la salle embarquée dans son voyage.