Voyage au-delà des médailles. L’hyper championne de natation, Laure Manaudou, médaillée plus d’une centaine de fois dans le monde entier, a pris sa « retraite » de sportive. Elle a à peine 30 ans. C’est pour « entrer dans sa deuxième vie », qu’elle s’est lancée dans une télé-réalité aventureuse avec le baroudeur absolu qu’est Mike Horn. Ce suisse sud-africain est un as de la survie en milieu extrême et hostile. Il a sorti la jeune française de sa piscine olympique pour l’embarquer en Afrique, sur la rivière Kwando « la plus dangereuse du monde », à cause des animaux sauvages, spécialement des hippopotames, qui sont « les animaux les plus meurtriers de la planète », dixit le commentateur. Frisson garanti !
Cette rivière qui se jette dans le Zambèze est située dans la bande de Caprivi, un appendice de la Namibie qui pointe de l’ouest du continent vers l’est, entre l’Angola, le Botswana et la Zambie. En farfouillant les cartes d’Afrique, j’avais toujours été intrigué par cette curiosité géographique héritée d’un partage colonial du XIXème siècle entre allemands et anglais. Et comme l’écrivain Joseph Conrad, j’avais juré de mettre les pieds dans ce fin fond d’Afrique. Mon rêve s’est réalisé, il y a quelques années, lors d’un voyage au Bostwana. J’avais pu naviguer en pirogue entre le Botswana et la Namibie, sur la rivière Chobe, qui est un autre nom de la rivière Kwando. J’avais eu le sang glacé en approchant des tribus d’hippopotames dont les gueules béantes auraient pu casser notre pirogue en deux. Et lorsqu’un éléphant, en train de boire et qu’on avait approché d’un peu près pour le photographier, nous avait chargé en battant des oreilles.
A cause de ces souvenirs, je suis donc rentré sans problème dans le jeu de ce docu-réalité et dans ses séquences émotion. J’ai compris que Laure Manaudou avait « envie d’avoir peur », mais peur d’avoir trop peur en quelque sorte. Et son mentor Mike Horn lui expliquait qu’il faut surmonter ses peurs mais en même temps que « la peur est ce qui protège » : elle pousse à une vigilance et à un dépassement de soi qui sont vitaux. Mike Horn a donc poussé au bout d’elle-même la jeune femme sortie de ses salles de sports. Pour seulement 5 jours. Au travers de journées et de nuits intenses à parcourir 130 kms à pied et en pirogue, en mode survie, sur le territoire d’animaux redoutables. La fragile mais courageuse « mini-Mike » comme la surnommait le grand Mike était épuisée jusqu’aux larmes et à rendre ses tripes. Mais elle a tenu.
L’émission (déjà expérimentée avec Michaël Youn et M. Pocora) réussit à transmettre les frissons en donnant l’impression au spectateur de participer à cette aventure par procuration. Mais je ne suis pas dupe, les héros sont entourés d’une équipe. Leur exploration a fait l’objet d’un repérage. Elle a été rigoureusement organisée et encadrée et fait l’objet d’une mise en musique qui dramatise les moments forts. Les commentaires entre les étapes lus par Mike et Laure sont composés de phrases toutes faites du genre « Ici on n’a pas le droit à l’erreur », « je suis fier de Laure », « Ça, ça n’a pas de prix », « si elle souffre, elle ne lâche rien »,… J’ai eu l’impression d’entendre les mêmes commentaires que ceux lus par les grands chefs de l’émission « Top Chef ». Dans la dureté de l’environnement j’y ai trouvé un peu de l’émission « Koh Lanta » et dans les confidences personnelles autour du feu, un peu de « Rendez-vous en terre inconnue ». Mais ces ficelles télévisuelles grand public ne m’ont pas empêché d’adorer le spectacle grand écran des animaux et des paysages et la conclusion : « on peut tout faire avec la nature tant qu’on la respecte ».
Vu lundi 3 avril 2017 sur M6. Prochaine rediffusion mardi 11 avril à 1 h 00