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Des voyages qui n’en sont pas. Une récente étude menée à Barcelone a montré les aspects négatifs d’une surpopulation de touristes. Cette étude (1) menée auprès d’expatriés installés dans cette ville a identifié quatre tensions qui se manifestent à cause du tourisme massif :
- - Une prolifération de boutiques de souvenirs, bars et restaurants pour touristes qui se substituent aux commerces traditionnels de la ville, envahissent et défigurent les lieux.
- - La surabondance de touristes entraîne une augmentation des prix et du coût de la vie en même temps du nombre de salariés d’origine étrangère.
- - Des trafics multiples se développent et créent des tensions avec les habitants. Le comportement de certains touristes est également générateur de tensions.
- - Dans les quartiers les plus fréquentés par les touristes, la population se déplace et préfère aller vivre dans d’autres quartiers. La ville n’est alors plus la même.
Barcelone est la quatrième ville d’Europe la plus visitée par les touristes avec un ratio population/touristes très déséquilibré : 1,6 million d’habitants pour 8 millions de touristes. L’étude montre que le tourisme de masse est l’aspect de la ville le plus critiqué (à 34 %) par les expatriés vivant à Barcelone. Ce problème est considéré comme bien plus insupportable par exemple que la pollution de la ville (23 %).… mais l’excès de tourisme ne devient-il pas lui-même une forme de pollution ?
C’est un phénomène que tous les grands voyageurs connaissent bien. Par exemple, aux heures fastes du tourisme égyptien, j’ai visité les temples de Louxor porté par une foule aussi dense qu’aux heures de pointe du métro parisien. D’autres fois, en arrivant en même temps que les nombreux bus d’un paquebot géant j’ai été bousculé par la foule au Parthénon d’Athènes, … Je pourrais multiplier les exemples, comme les cathédrales, les monuments (La fontaine de Trévi à Rome par exemple) ou devant les chefs d’œuvres de musées (la Joconde bien sûr ! mais pas que…)
A chaque fois, les queues interminables générées par le trop plein de monde et les tourbillons de la foule au rythme chronométré m’ont donné l’impression de rester sur ma faim, d’être passé à côté de quelque chose d’important, sans l’avoir vu, sans l’avoir compris. Pourtant une multitude de guides, chacun exhibant bien haut son fanion pour ne pas perdre un petit troupeau pressé tente de donner des explications en criant dans le brouhaha… Leurs paroles s’envolent. J’ai parfois eu la chance de pouvoir repasser à des heures creuses.
Emportés par la foule, ces voyages-là se font, de plus, sans vrais contacts humains. Ou plutôt avec des contacts humains falsifiés : tous les locaux qui fréquentent ces lieux ont des dollars ou des euros qui clignotent dans les yeux. La relation avec eux est faussée, elle devient uniquement pécuniaire. Et, comme par définition un touriste est de passage, la qualité de service des prestations disponibles (bars, restauration par exemple) est médiocre et chère quand elle n’est pas carrément mauvaise. C’est le dernier souci de ces prestataires qui, demain, auront d’autres clients… Et ces mauvais prestataires, aux marges financières scandaleuses, prolifèrent forcément et défigurent l’environnement.
Je suis impressionné par le Taj Mahal, les temples de Louxor, la Sagrada Familia à Barcelone ou le Parthénon à Athènes, mais à chaque fois que je le peux et quand c’est possible, je visite ce type de lieu en dehors des heures de pointe ou aux saisons creuses. Et surtout je prends mon temps, aussi bien dans les circuits identifiés comme touristiques que tout autour. Et je rencontre des gens… non déformés par le tourisme.
(1)Etude réalisée par OK Location Barcelone auprès de 850 expatriés (dont 204 français) de 28 nationalités habitant Barcelone depuis au moins 3 mois.