Sous les balcons. J’ai été magnétisé par les fenêtres et balcons en fer forgé de cette ville ultra baroque : des balcons d’apparat aux garde-corps métalliques galbés et ventrus comme devaient l’être les aristocrates et bourgeois qui avaient commandé ces palais. J’ai vu aussi certaines des rambardes des fenêtres qui ont des allures de moucharabiehs (pour voir sans être vu) comme les ouvertures des harems de l’autre côté de la Méditerranée, pas très loin du sud de la Sicile.
Quand j’ai parcouru cette ville, les ombres étirées par un soleil rasant donnaient encore plus de relief et de torsions à ces œuvres tarabiscotées. Les plus bellissimes de ces saillies étaient soutenues en consoles par de curieuses cariatides de pierres aux visages d’humains ou d’animaux. Avec la magnificence de ces encorbellements bombés et incurvés, le « style baroque tardif sicilien » de la ville, comme on me l’a expliqué sur place, se rapproche en fait d’un style rococo maniéré et alambiqué.
A force de lever la tête vers ces plateformes, je me suis finalement aussi intéressé à toutes les baies, ouvertures et balcons de la ville qui m’ont tous semblés attachants et attrayants. Les plus petites et humbles fenêtres cherchent à imiter les plus pompeuses et sardanapalesques de cette ville nouvelle du XVIIIème siècle. Je comprends Shakespeare ait situé Roméo et Juliette en Italie. C'est en ce sens que Noto a un petit air de famille avec Vérone, bien que les deux villes soient situées aux deux extrémités de l'Italie.