C’était mon premier grand voyage à l’étranger avec mon mari et un de mes fils. Je retrouvais en Guinée notre fille, employée d’une ONG. C'était avant les ravages de l'ebola. En quelques jours nous avons fait des heures de routes et de pistes. J’ai ouvert très grands mes yeux ébahis et noté mes impressions personnelles : un énorme dépaysement.
Pour atteindre la ville de Kindia, où notre fille habite, il faut à peu près 2h 30 de route. Nous traversons d’abord une partie de Conakry. Je décide de prendre des notes pour me rappeler et raconter tout ce que je vois. Les Guinéens sont très beaux, les femmes magnifiques et gracieuses, les enfants plus que beaux…ce sont des bonbons.
Tout au long du chemin, les rues sont bordées d’étals insolites et hétéroclites, de baraquements en tôle. Partout des vendeurs : de portails, fenêtres, matelas, viandes, boissons, chaises et fauteuils, sanitaires, fruits, bassines, légumes, pneus, parpaings, lits roses, cartes téléphoniques, seaux, portes. Je lis sur une enseigne « Bernadette coiffure ». Je vois une vidéothèque, un couturier, un dentiste, un cabinet vétérinaire, un plombier, des pièces détachées de voitures, « Jeanne coiffure », des pains, des bonbons, du charbon, du ciment, un centre de beauté.
Plus de commerçants que d’habitants
A mon avis il y a plus de commerçants que d’habitants. Je ne vois toujours que des marchands : de sacs, volailles, vêtements, roues de vélo, et encore « Chantal coiffure », une clinique, une caisse d’épargne. Un Toyota surchargé nous double. Un taxi bus à l’américaine essaie de se frayer un passage. Les chèvres et les moutons ne sont pas apeurés. Partout des motos, des enfants qui jouent accroupis dans la boue (la saison des pluies se termine tout juste). Femmes et enfants portent aisément sur la tête des bassines remplies d’œufs frais, gâteaux, sardines en boîtes, pommes, sachets d’eau. La voiture doit rouler au ralenti.
Nous faisons quelques achats par la fenêtre, les vendeurs se précipitent autour de nous. Un bus passe vite, les gens s’écartent plus vite. Encore et encore des marchands : d’épices, lunettes de soleil, piments, essence en bouteilles, perles, sable. On voit un hôpital, une pharmacie, des brouettes, du coca-cola, une école militaire, matelas à même le sol, des moutons ici et là, une station essence, des bâtiments inachevés un peu partout…
Très loin de chez nous
Une chaleur moite et étouffante nous poursuit. Plus loin nous achetons quelques gâteaux très huileux mais délicieux. Cette fois nous sommes sortis de la ville. Je suis émue devant un magnifique tableau sur le bord de route : une maman admire avec son bébé une poule et ses poussins. Nous croisons les premières huttes en bois et paille. Nous sommes vraiment très loin de chez nous. Des files et des files de gens marchent sur les bords de la route. Les femmes que nous croisons ont toutes un ballot sur la tête et un enfant dans le dos qui ne pleure jamais. Les petites filles aussi portent des bébés, et les jeunes enfants de gros fagots de bois sur la tête. En nous voyant les enfants crient « foté foté » ce qui signifie les blancs. Les gens nous dévisagent systématiquement à notre passage, ils font un signe de la main.
La ville de Kindia est surchargée de monde à cette heure. La température atteint 30°. Il faut klaxonner pour se frayer un passage, les enfants courent dans tous les sens. Les routes sont esquintées. Sur les bas-côtés il y a de profondes fosses pour l’écoulement des eaux, celles-ci sont dangereuses, et provoquent de nombreux accidents.
Le lendemain, nous dépassons Kindia. La campagne est très très verte, couverte de palmiers et de manguiers à profusion. Le paysage est plus montagneux cette fois. Beaucoup de tecks poussent en bordure de route. Les « nids de poules » sont de plus en plus nombreux et de plus en plus béants. Aucune limite de vitesse. Les voitures rafistolées et d’un grand âge sont surchargées de baluchons et d’hommes grimpés sur leur sommet. A l’intérieur, ils sont vraiment très nombreux…15, sinon 20…sans scrupule. Partout, en ville comme à la campagne, le linge sèche à même le sol, sur l’herbe, la pierre rouge ou les murs.
Des véhicules surchargés
Nous apprenons que c’est la première journée de classe pour les écoliers, les vacances viennent de se terminer. Les enfants sont tous très élégants, les uns en uniforme beige, d’autres en bleu-marine et blanc, des petites filles en rose vichy. Ces vêtements achetés par les parents sont sans doute obligatoires et cher. Une voiture passe avec le coffre ouvert alors que plusieurs personnes sont installées inconfortablement dans celui-ci, mais souriantes. Sur une moto un tout petit bébé dort dans le dos de sa maman.
Nous apprécions le 4x4 sur ces routes en accordéon. Nous croisons et suivons pas mal de gros camions de transport avec des personnes assises tout en haut. C’est risqué pour nous de conduire sur ces routes surchargées. Nous faisons un arrêt bien mérité pour nous hydrater et nous dégourdir, surtout pour notre fille qui conduit. Elle me dit de ne pas rester sous ce gros arbre, car, dit-elle, il en tombe souvent des serpents. Puis elle raconte des histoires qui me font frémir.
Cette fois la nuit tombe, il pleut et il nous reste une quarantaine de kilomètres, nous sommes obligés de faire étape, il serait inconscient de faire davantage de route ce soir. Je n’en mène pas large, la route n’est vraiment pas sûre, les vaches et les chèvres se promènent tranquillement. Les chèvres sont d’ailleurs curieusement affublées d’un grand bâton en travers et sous leur barbichette pour éviter qu’elles ne rentrent dans les broussailles. A Dalaba, à 1300m d’altitude, il paraît qu’il fait très froid. La rumeur dit même, qu’il a neigé en 1972. Ce coin est connu pour ses forêts de pins et de bambous géants. Même qu’au cœur de cette ville, au carrefour des hôtels, un troupeau de vaches est assis là… nous contournons donc ce rond-point, sans nous affoler, nous sommes désormais des habitués ; surtout rassurés d’arriver et de nous poser.
Le lendemain, nous dépassons la ville de Labé. Sur des kms et des kms, on côtoie toujours des familles entières qui marchent en bordure de route avec de lourds fardeaux sur la tête, bois, eau, bassines, oignons, linge afin de rejoindre le marché de Pita.
4X4 : sauna, massages et muscu
Aux environs de Labé nous partons à l’aventure sur une piste pour découvrir les chutes d’eau de La Sala. Impossible de prendre quelques notes sur cette piste, graveleuse et de couleur orangée, tellement les dos d’ânes, les nids de poules et les crevasses s’enchaînent les uns à la suite des autres. Nous roulons aussi bien à gauche qu’à droite. Notre fils souligne qu’il n’y a rien de mieux qu’un 4x4 car il fait aussi bien sauna, massages et musculation. Notre fille a une conduite pro et se débrouille super bien, mais elle conduit depuis des heures.
En ce qui nous concerne, nous n’avons qu’à nous cramponner pour éviter de nous cogner au plafond. Le dos en prend un coup. Mon mari prend le relais pour un passage terrifiant. Les autres descendent carrément de la voiture pour plus de sécurité, j’ai peur qu’elle se retourne. Nous croisons plusieurs termitières à hauteur des portières, puis de drôles de petites bêtes tombent des branches à l’intérieur de la voiture, brr…une petite grenouille atterrit même sur mes pieds.
Moutons, chèvres, vaches sortent à l’improviste
La non signalisation et les chaos de la voie font que les routes me paraissent, avec mon regard de française, totalement insécurisées. Pas étonnant qu’il y ait tant d’accidents : des enfants un peu partout courent inconsciemment, les voitures frôlent les gens assis sur les bas-côtés dans les hautes herbes ; moutons, chèvres, vaches sortent à l’improviste.
Retour à Conakry. C’est vraiment une très grande ville, très agitée déjà à cette heure matinale, paralysée d’embouteillages. Ecoliers et étudiants en uniformes sont en marche et les vendeurs s’activent avec leurs petites échoppes mobiles bordant les avenues. Beaucoup d’handicapés en fauteuils roulants et abrités d’un parapluie vendent aussi des bricoles. Les gendarmes et gendarmettes, l’air féroce au milieu de ce brouhaha, essaient de mettre de l’ordre dans ce trafic avec à la main un bâton ou une sangle. Mais l’ordre est impossible, aucune priorité n’est respectée, c’est un méli-mélo incroyable.
- Un vrai dépaysement sur toutes les routes.
- Les images pittoresques des véhicules surchargés.
- Trop peu de signalisations sur les route
- Une conduite dangereuse vu l’état des routes et le désordre.
- Difficile sans un bon véhicule.
- ouvrir ses yeux partout tout le long des routes