Opéra de rue à Georgetown (Penang, Malaisie)

Nous nous promenons, ma femme et moi, le soir au petit bonheur dans les ruelles du vieux quartier chinois de Georgetown dans l’île de Penang en Malaisie avec le seul plaisir de découvrir ce que le hasard nous offre dans cette ville où nous nous sentons si bien. Or, nous sommes soudain attirés par une curieuse musique sur une placette au croisement de minuscules ruelles. Nous arrivons juste au début d’une soirée d’opéra traditionnel chinois. Tout se passe en pleine rue. Quelques personnes sont assises sur une poignée de chaises, ou restent debout sur le pas de leur porte, d’autres n’ont même pas pris le temps de descendre de leur moto et en laissent le moteur tourner. On entend le groupe électrogène qui éclaire la scène. Dans sa niche, un violon traditionnel grince et gémit pour lancer un enchaînement de scènes hyper théâtrales, expressives et dramatiques. Se succèdent pendant deux heures la gestuelle, les clignements d’yeux, les mimiques, les acrobaties et les chants miaulant d’acteurs chanteurs dramatiques enfouis sous de lourds et clinquants costumes et dissimulés derrière des masques de fard outranciers. Il fait très chaud et seuls des éventails peuvent atténuer la moiteur de l’air. Parfois la scène s’arrête pour qu’un spectateur donne quelques billets aux acteurs en remerciement. Nous sommes subjugués par ces scènes surréalistes et par l’ambiance bon enfant qui règne ici. Hélas, nous explique un habitant de Penang, vous assistez sans doute à l’une des dernières scènes de rue de cet opéra traditionnel, car les jeunes le désertent de plus en plus et les spectateurs se font de plus en plus rares ! Y a-t-il un moyen de lutter contre la désertion de cet authentique et spectaculaire art ?