J’ai rencontré les fiers éleveurs Masaï, une population à cheval sur le Kenya et la Tanzanie voisine, dans les grandes réserves animalières du Kenya, où il en reste encore d’authentiques villages. Comme beaucoup de populations rurales d’Afrique, les Masaï migrent de plus en plus vers les grandes villes à la recherche, souvent vaine, d’un mode de vie plus facile.
Dans le bush, leurs villages sont constitués d’un grand cercle de cases de terre et de bouses de vaches séchées, fermées, protégées des fauves et autres animaux par une épaisse haie d’épineux. Pour y entrer, les touristes doivent verser un droit d’entrée mais le chef peut opposer un veto parfois imprévisible (heureusement, ils gardent leur liberté !), de telle sorte que les tour-opérateurs peuvent difficilement prendre l’engagement d’une telle visite. Avec le petit groupe qui m’accompagnait, j’ai dû attendre devant le village l’accord du chef. Nous avons finalement pu y accéder au milieu d’une foule de marmots en étant accueillis par un chant des femmes vêtues de couleurs vives à dominante jaune, alignées et qui se balançaient en dansant. Cette polyphonie a précédé la compétition de sauts guerriers de leurs maris puis une sorte de petit marché de leur artisanat local.
Ces photogéniques éleveurs Masaï, qui se sont mêlés à nous en essayant d’engager la conversation, restent inséparables de leur lance et de leur casse-tête. J’ai vu l’un d’entre eux envoyer son casse-tête à une vitesse et une précision incroyables sur un singe. A la ville comme à la campagne ils gardent leur vêtement traditionnel, une sorte de toge, le shouka (ou Shuka), le plus souvent rouge vif uni ou à rayures ou carreaux, rehaussée de nombreux colliers scintillants et tintinnabulants et parfois de serre têtes aussi chargés de plumes et clinquants qui semblent s’envoler avec leurs nattes lorsqu’ils entament leur danse traditionnelle en sauts verticaux. Le lobe percé de leurs oreilles est parfois démesurément agrandi et peut y loger jusqu’à une blague à tabac ou d’autres objets. Leur richesse reste leur bétail car ils se nourrissent du lait et du sang de leurs vaches dont les bouses servent de liant pour construire leurs cases.