Paradis terrestre agricole. Au Mercado dos Lavradores (marché des paysans) dans le vieux Funchal, la ville principale de l’île de Madère, on trouve des produits agricoles et des fleurs des pays tropicaux aussi bien que des pays tempérés. Pourtant, on ne vend que des productions locales. Pour comprendre, il suffit de regarder sur une carte où se situe Madère, dans l’Atlantique au large du Maroc : entre les pays tropicaux et les pays tempérés, pas très loin des climats méditerranéens. Sur cette île bien arrosée, bien irriguée et montagneuse, tout pousse. Selon le côté d’exposition au soleil, aux pluies et aux vents et selon l’altitude (l’île est très montagneuse), des vignes côtoient des bananeraies ou des cerisiers, des papayers, des amandiers … les fruits et légumes de tous les continents fraternisent.
Après un tour de l’île je n’ai donc pas été surprise de trouver dans ce petit marché traditionnel beaucoup de variétés de maracuja (fruits de la passion) : jaunes, verts, rouge, bordeaux, avec des goûts étranges et surprenants. J’en ai goûté plus d’une dizaine de sortes. Je ne savais plus si j’étais aux Caraïbes, en Thaïlande ou en Côte d’Ivoire. J’aurais pu faire le même test avec les légumes comme les cristophines, qu’on appelle aussi chouchou ou chayote selon les îles et le pays). Même variété extrême pour de grandes et magnifiques fleurs qu’on trouve en Afrique que du Sud, sur la côte d’Azur ou en Martinique. Même chose pour les piments de toutes les couleurs, tailles et forces.
Seul bémol à ce joli marché très attrayant et coloré, il n’est plus un marché de paysans que de nom. Sa proximité du port où débarquent presque tous les jours d’immenses paquebots de croisières a changé la donne. Il est devenu un des déversoirs où déboulent des milliers de croisiéristes du monde entier, très curieux, pressés, parfois fortunés. Résultat les prix se sont envolés et sont sans rapport avec ceux du marché local. Tant mieux pour les vendeurs ! Tant pis pour les voyageurs, sauf ceux qui sont un peu attentifs et qui ont le temps d’aller fouiner dans les marchés de l’intérieur !