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Noto, la ville la plus baroque de Sicile. 3/3. Des anges

ven, 11/12/2015 - 05:04 -- Eric
Italie Sicile Noto baroque anges Un angelot aux pieds de l'évangéliste Saint Marc soutient ses écrits

Des anges passent. A côté des monuments et de leurs incroyables fenêtres et balcons, la petite ville baroque de Noto dans le sud de la Sicile a une autre particularité : les anges. Ils ne m’ont pas sauté aux yeux tout de suite, mais petit à petit j’en ai découvert de nouveaux un peu partout et j’ai compris que la gent ailée (anges, aigles ou animaux mythiques) imprègne cette ville. Comme auprès de cette statue que j'ai photographiée -celle de l'évangéliste Saint Marc- sur les hauteurs de la cathédrale, remarquez un petit ange qui se tient à ses pieds. A tel point que je me demandais si je n’entendais pas des froufroutements d'ailes en visitant cette ville paisible.

Normal pour une ville à 80 % baroque, quasiment rococo même, un art qui se caractérise par l’exagération, le mouvement, des fanfreluches tourbillonnantes, des surcharges décoratives. Des anges sveltes drapés dans les circonvolutions de robes gonflées par un vent imaginaire ou des angelots joufflus peuplent, entre les feuilles d’acanthe, tous les recoins, piliers et pilastres, voussures, tympans, chaires, orgues, autels, lutrins et le tour des clochers des églises. Mais j’ai vu qu’ils foisonnaient aussi dans la statuaire de la ville et qu’on en retrouvait même l’influence dans l’art contemporain.

Le foisonnement des anges et des ailes dans le baroque de Noto est aussi un signe d’imprégnation religieuse. Les anges font partie du monde invisible des grandes religions monothéistes et de leur tradition. Or il ne faut pas oublier que la naissance de l’art baroque a été concomitante à  la contre-réforme catholique, en réaction au protestantisme austère et iconoclaste. En même temps, les petits anges potelés, rieurs et moqueurs font partie de la tradition architecturale italienne qui les appelle "putti" ou "spiritelli".  Il est donc normal qu’ils grouillent à Noto.