Pas le feu au lac ! l'indolente Fogo ("feu" en portugais parce que c'est une île volcan) est une de mes îles préférées de l’archipel du Cap Vert. Cette île circulaire est un énorme cône de volcan toujours actif, émergé au milieu de l’Atlantique. Les habitants y vivent partout, aussi bien à la base du volcan, que sur ses flancs ou même, pour certains, à l’intérieur de son cratère menaçant, provisoirement refroidi.
Sur cette île perdue qu'est Fogo, Sao Filipe, la "capitale" (un bien grand mot pour une si petite bourgade, disons plus simplement sa ville principale), a l’air endormie. Dès que le marché du matin est terminé, les aluguers, les pickups qui transportent les paysans et leurs marchandises, remontent dans les champs autour des parois du volcan et Sao Filipe somnole. C’est à ce moment-là et dans la torpeur de l’heure de la sieste que je l’ai visitée.
Autour de son Igreja Nossa Senhora da Conceição (l’église Notre Dame de la Conception), tout semble désert. J’entends quelques enfants jouer et des hommes crier autour d’un jeu de société. Je croise une poule et de temps en temps une personne. La base de la ville, est un assemblage de grandes maisons coloniales colorées de l’époque portugaise (« sobrados ») autour de ruelles pavées parfois très pentues, décorées de quelques œuvres de street art.
La ville domine la mer sur une sorte de falaise. Entre la vieille prison et le cimetière, un petit chemin descend vers une immense plage de sable volcanique … noir comme du charbon qui tranche sur l’écume des vagues. C’est le terrain de jeu préféré des enfants et des adolescents. Sao Filipe n’offre pas vraiment une image de station balnéaire mais ce patelin hors du temps présente un charme irrésistible.