Hors de l’Union européenne. Quand on sort de ce quartier alternatif de Copenhague, il faut passer sous une arche qui affirme « vous entrez dans l’Union Européenne ». Comme si Christiana était une enclave souveraine, une ville dans la ville. En effet elle se considère comme une « commune libre », indépendante par rapport aux lois de l’Etat danois et de l’Europe : j'ai visité ces 34 hectares marginaux, uniques, expérimentaux, étonnants et détonnants qui m’ont surpris.
Depuis plus de 40 ans en effet cet ancien terrain militaire, installé sur l’île de Christianshavn, est squatté par plus d’un millier de résidents. C’est une espèce d'esprit Woodstock permanent et nostalgique, qui réunit pêle-mêle rêveurs, libertaires, anarchistes, hippies, objecteurs de conscience, écolos, ...et où fleurissent des couches de tags et d’affiches recouvrant des casemates réaffectées, des roulottes, des maisons et des maisonnettes de toutes sortes qui ont poussé en désordre au milieu de pots de fleurs et de jardinets plus ou moins soignés. L’histoire de Christiana est agitée, mais la commune a toujours réussi à maintenir sa tête hors de l’eau.
Les voitures y sont bannies, on y circule à vélo, en triporteur voire en authentiques rickshaws asiatiques. Dans cette cité du refus, le street art est roi et le style reggae côtoie le baba cool et la récup géniale et déjantée, avec ses bricoleurs et bidouilleurs, ses boutiques, ses bistrots et restaurants, ses galeries d’art… Au milieu des cultures potagères, les sentiers croisent des parfums d’encens, des relents de joints, puisque le haschisch y est en vente libre, des vapeurs de bières et des musiques hard. Mais dans ce microcosme affranchi il n’est pas interdit d’interdire : entre autres, les armes, les drogues dures et les photos sont exclues. J’en ai quand même rapporté quelques clichés.