Petit tour au panthéon de l’hindouisme. Je terminais un tour de l’île de la Réunion, étonnante et différente à chaque étape, que l'on soit sur la côte ou dans la montagne. J’étais partie de Saint Denis en allant vers l’ouest, en commençant par Saint Gilles. Avant d’avoir bouclé la boucle, et de revenir à Saint Denis, je suis arrivée au nord est, à Saint André, un nom bien chrétien, comme la quasi-totalité des noms de villes de ce département français d’outre-mer. J’y ai pourtant trouvé un des temples hindous en activité les plus étincelants de l’île.
Il s’appelle le « temple du colosse », non pas à cause de sa taille mais à cause du nom de son quartier près d’une usine sucrière. Sa polychromie est resplendissante. Il est, parait-il, souvent fermé aux visiteurs, mais j’ai eu la chance qu’on m’y laisse entrer en retirant mes chaussures à la porte de l’enceinte extérieure. Je n’ai trouvé personne pour me guider mais j’ai appris par la suite qu’il est dédié à une déesse du panthéon hindou, Pandialé. Pour prouver sa virginité à celui qu’elle devait épouser elle avait dû traverser un brasier sans se brûler les pieds. A son image, chaque année, des dévots hindous marchent sur des braises ardentes. Le jour où je suis passée, le lieu était désert et silencieux.
Les réunionnais appellent les indiens, les « malbars », un nom tiré de la « côte du Malabar » au sud-ouest de l’Inde. Leur histoire remonte à l’abolition de l’esclavage et au besoin de main d’œuvre pour remplacer les esclaves africains. Comme dans toutes les îles cultivant la canne à sucre dans l’océan indien et les Caraïbes, les colons français étaient donc allés chercher des indiens proches des comptoirs français de l’Inde en leur faisant miroiter des contrats qui pour la plupart ont été sans retour. Beaucoup de ces tamouls descendants d’indiens venus du Tamil Nadu, aujourd’hui français, ont gardé la religion de leurs ancêtres. J’ai trouvé que La Réunion était une école de tolérance.
Devant ce temple bariolé j’ai été ébahie par la densité des personnages accrochés sur la façade dégoulinante de couleurs quasi phosphorescentes. Personne n’était là pour m’expliquer qui est qui dans ce grouillement de divinités flamboyantes sans doute tirées du Mahabharata, l’épopée de la mythologie hindoue. Il y a sans doute là Brahma, Vishnu et Shiva mais aussi tous leurs avatars, leurs épouses, leurs montures et quelques-unes des millions de divinités de cette religion que je ne connais pas.