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Le "palais des pôvres" à l'Hôtel Dieu de Beaune en Bourgogne 1/2

ven, 20/11/2015 - 10:27 -- Noah
France Bourgogne Hôtel Dieu Beaune Des toits célèbres par leurs tuiles vernissées et colorées

Une étape sur la route entre Paris et Lyon. Enfin, j’ai pu faire une halte pour découvrir les hospices de Beaune.  A force de passer devant des panneaux culturels marron annonçant ce site sur l’autoroute A6, j’ai eu un jour envie de m’arrêter.  D’autant plus que mon intérêt pour Beaune,  très vague dans mon esprit, rejoignait une histoire personnelle : en parcourant des piles de vieilles lettres reçues par mes parents pendant la dernière guerre mondiale, j’avais remarqué que beaucoup d’entre elles portaient un timbre brun représentant l’Hôtel Dieu de Beaune. Et puis, tous les ans, j’étais intrigué  par la vente très médiatisée des vins des hospices de Beaune, enchères qui viennent d’ailleurs d’avoir lieu cette année, le 15 novembre dernier, mais qui sont restées inaperçues cette année à cause des événements dramatiques de Paris.  

Ce « Palais des pôvres », tel qu’il a été conçu au XVème siècle m’a semblé curieusement riche. En arrivant, les couleurs vives et la géométrie des dessins des toits m’ont frappé. La guide a tout de suite expliqué qu’il s’agissait de tuiles vernissées de luxe. Leur glaçure colorée est  le résultat d’une cuisson aux sels de plomb.  Pourquoi une telle débauche de richesses pour des miséreux en pleine guerre de cent ans ? Parce que son mécène, Nicolas Rollin, chancelier du duc de Bourgogne Jean Le Bon, en homme très croyant, voulait offrir ce qu’il y avait de plus beau aux indigents, pour s’assurer lors de son dernier voyage une place au paradis.

Autre curiosité, l’architecture en gothique flamboyant du bâtiment est d’influence … flamande. Pourquoi ? Pour comprendre, il faut remonter au Moyen-Age quand ce bâtiment a été construit : le duché de Bourgogne affirmait son autonomie entre le royaume de France et l’Empire germanique en assemblant un patchwork de provinces allant du nord des Alpes à la Mer du Nord par des mariages, héritages, alliances et guerres. Belgique et Hollande en faisaient partie ! Nicolas Rolin avait choisi Beaune parce que c’était un lieu de passage de voyageurs, marchands ou pèlerins entre ces régions. 

J’ai été surpris d’apprendre que cet hôpital ouvert en 1452 avait fonctionné… jusqu’en 1971 !  Un demi-millénaire ! Au départ les indigents étaient entassés dans une seule et unique chambre dans laquelle étaient alignés 15 lits de chaque côté et qui recevait 60 malades… Car, sans chauffage, les malades devaient se tenir chaud ! Un chauffage par des grilles au sol n’a été installé qu’au XIXème siècle, pour réchauffer les alcôves sous le plafond splendide en carène de bateau renversée, peuplé de personnages et d’animaux colorés.

Aujourd’hui l’hôtel Dieu est devenu un musée. Mais l’institution des "hospices de Beaune" continue d’exister. Car de donations en donations, elle s’est enrichie en particulier de 60 hectares de vignobles produisant des vins fameux vendus aux enchères chaque année en novembre. Le bénéfice de cette vente annuelle permet toujours, entre autres, de faire vivre un hôpital plus moderne et trois maisons de retraite. 

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