Après un séjour à la Réunion, mon voyage dans cette île lointaine de Mayotte, était pour moi comme si je partais au bout du monde, tellement ce caillou français de l’archipel des Comores dans l’Océan indien me paraissait inaccessible et mystérieux. Je n’en connaissais à peu près rien. Or, j’ai découvert dans ce département français d’outremer une élégance féminine inattendue.
Après le départ de La Réunion, mon avion a survolé Madagascar, puis s’est rapproché d’immenses lagons, avant de se poser sur ce qui était pour moi terra incognita. L’aéroport de Dzaoudzi-Pamandzi, est une île minuscule (Petite-Terre) à côté de l’île principale (Grande-Terre). Dès la sortie de ce petit aéroport tropical j’ai été surprise par un comité d’accueil, celui d’un groupe de femmes rythmant sur des percussions des chants de bienvenue.
Ce qui m’a frappé tout de suite est une sorte de masque de poudre qui recouvrait leur visage, comme un masque clair sur leur peau brune, un peu comme j’en avais vu en Birmanie et au Laos. J’ai voulu en savoir plus sur cette coquetterie. L’occasion m’en a été fournie lors d’une séance de maquillage entre femmes à laquelle j’ai pu assister pas très loin de Mamoudzou, le chef-lieu de Mayotte.
Les femmes commencent par fabriquer leur pâte. On l’obtient en frottant patiemment un bout de bois de santal sur une sorte de table en pierre de corail râpeuse. Petit à petit apparaît une poudre qui, avec quelques gouttes d’eau, se transforme en pâte claire et moelleuse, le msindzano. Celle-ci est immédiatement utilisable comme masque ou maquillage.
En masque quotidien, elle a beaucoup de vertus, m’ont expliqué les mahoraises : le msindzano protège contre le soleil et les insectes, nettoie les impuretés et lisse la peau,… Mêlé à de l’huile de sésame, de l’avocat ou du kaolin, ou encore à toutes sortes de plantes locales, il a des effets thérapeutiques.
Lors des fêtes, la pâte est parfois mélangée à d’autres poudres colorées ou parfumées, comme safran ou la curcuma, et le produit, finement malléable au pinceau, devient une véritable œuvre d’art et une parure de séduction. Les femmes elles-mêmes devant leur miroir ou leurs maquilleuses dessinent alors des motifs géométriques savants et abstraits assortis aux bijoux qu’elles portent. J’ai vraiment compris que l’art du maquillage était un des grands charmes de Mayotte.