Deux fois, j’ai fait un tour de l’Irlande, à une décennie d’écart. La première fois, j’avais musardé en prenant mon temps en voiture sur de toutes petites routes étroites qui zigzaguent entre des champs vert cru dessinés avec des murets de pierres, entre des landes de tourbe immenses un peu rousses comme les habitants, tachetées de troupeaux de moutons, le long de falaises géantes, abruptes et venteuses, parfois en apercevant des terrains de golf sensationnels, des châteaux étranges ou des ruines antiques coulées dans le paysage. J’avais aussi traversé des villages aux maisons qui ressemblaient à un album de coloriage, et des ports qui avaient des airs de jouets de poupées face au terrible grand ouest maritime. Le soir j’avais traîné dans les pubs où la Guinness, les rires et la bonne humeur coulaient à flots, et assisté à des paris fébriles autour de courses de lévriers, … Bref, j’étais tombé follement amoureux de cette Irlande-là. Plus de dix ans, après une vague de croissance économique était passée par là. On peut maintenant traverser tout le pays en un rien de temps par des voies rapides, entrer dans des villes par des ronds-points efficaces à travers des périphéries reconfigurées par les zones industrielles,… J’ai cru que mon Irlande avait disparu. Heureusement il suffit de sortir des grands axes pour retrouver l’authentique Irlande éternelle, si séduisante et charmante. Ce sont ces images nostalgiques que j’ai rapportées.
