Un tour du monde expresso. C’est mieux que de faire le tour du monde en 80 jours ! J’ai accompli cet exploit les deux premiers jours de cette semaine. Bien sûr parmi les pays que j’ai vus (61 précisément), il y a de minuscules pays comme la Principauté de Monaco ou le Saint Siège (Vatican). Mais j’ai vu aussi de très grands pays comme la Chine et les Etats-Unis. Mon passeport dont je vous reproduis toutes les pages témoigne de la véracité de mes propos.
Comment est-ce possible ? Vous imaginez bien que si j’ai employé le verbe « faire », en disant j’ai « j’ai fait » plus de 60 pays, c’est à dessein. Beaucoup de voyageurs utilisent cette expression pour dire qu’ils sont allés dans un pays. Cette formule traduit bien le côté conquérant et présomptueux de voyageurs qui ne font que passer ou de stakhanovistes du tampon qui cherchent à collectionner les marques du plus grand nombre possible de pays et qui cochent les cases : « fait », donc n’est plus à faire ! Au fond de moi, je préfère le slow travel, par exemple les trois semaines que j'ai passées à La Réunion ou mon mois et demi de découvertes à travers l'Asie du Sud-Est.
Toutefois, je vous livre le secret de mon speedy tour du monde. Le passeport dont je reproduis les pages est celui d’ « Expo Milano 2015 », l’exposition universelle dont l’édition 2015 se tient à Milan jusqu’à la fin de ce mois d’octobre sur le thème « nourrir la planète ». Ce lieu est une sorte de condensé du monde, une petite planète où 145 pays essaient de présenter le meilleur de leur nation et de leur territoire sur quelques m² pour les plus petits ou sur quelques centaines de m² pour les plus vastes. J’ai acheté le « passeport » officiel de cette manifestation qui n’a lieu que tous les 5 ans. Dans chaque pavillon de pays un « visa » peut être apposé sur le passeport des visiteurs qui le demandent.
J’ai donc « fait » 60 pays en 2 jours dans cette surface d’un peu plus de 1 km². C’est beaucoup et c’est peu, puisqu’il y avait plus du double de ces enclaves temporaires de territoires nationaux à « faire ». Je pense que je suis très loin du record. En effet, j’ai vu de nombreux chasseurs de tampons hystériques et timbrés n’entrer dans les pavillons en courant que pour chercher le bureau des tampons, et, une fois oblitérés, repartir encore plus rapidement, sans même jeter un coup d’œil à ce que le pays où ils étaient entrés présentait.
La difficulté est qu’il y a d’immenses pavillons de pays riches dont la visite est très convoitée. Au plus fort de la journée (on est portés par la foule, avec une moyenne de 160 000 visiteurs par jour !) les queues pour entrer dans certains beaux et grands pavillons se comptent en heures ! Il faut donc choisir entre « faire » quelques pavillons prestigieux qui offrent de grandioses spectacles d’architecture, de décorations, d’expositions et de vidéos ou se contenter de beaucoup de mini pavillons de pays pauvres dont certains ressemblent à des boutiques de souk. J’ai beaucoup marché et, expresso aidant, j’ai panaché les deux solutions en choisissant de m’arrêter dans quelques grands et beaux pavillons et, entre eux, de passer dans de petits stands nationaux.
Certains tampons de visas sont magnifiques. J’ai un penchant pour ceux du Myanmar, de la Papouasie Nouvelle Guinée ou de la Tanzanie, ou même celui de la France. Dans deux pays (Ouzbékistan et Turkménistan), je n’ai pas trouvé de cachet. Dans le stand du Gabon, la préposée aux tampons a pris mon passeport derrière son bureau et en a ressorti un simple griffonnage manuscrit… étonnant pour un pays pétrolier riche !
Les plus beaux « stamps » ne correspondent pas forcément aux plus beaux pavillons …dont je reparlerai. Il y a des pays rares pour des voyageurs où j’ai fait une incursion, alors que je n’imaginais même pas pouvoir y mettre les pieds un jour, du genre Soudan, Sao Tomé et Principe, Moldavie, Vanuatu, Timor Oriental ou Kirghizistan. Mais j’ai fait un beau voyage et beaucoup rêvé.
