Ce petit musée de Marrakech au Maroc est récent (2009) et pas très connu. Je l’ai trouvé en traversant les ruelles encombrées de la Médina et en m’aventurant au-delà de l’endroit où se concentre l’affluence touristique, la Jemaa el Fna, pour atteindre une rue étroite, celle de Souk Ahl Fes. J’ai failli ne pas voir la maison, tellement j’étais distrait par les scènes de rues, les boutiques traditionnelles, et les vélos, motos et carrossa (charrettes à bras) qui manquaient de m’accrocher à chaque instant.
J’ai tout de suite été charmé par la luminosité et la clarté de cette sorte de riad offrant autour d’une cour centrale un tour de balcons sur trois niveaux et une terrasse au-dessus des toits de la ville où j’ai paressé en déjeunant. J’ai appris que ce lieu privé et très soigné avait été créé par un français, Patrick Manac’h, et un marocain, Hamid Mergani. Tous deux ont patiemment constitué un fonds de plusieurs milliers de photographies, cartes postales et plaques de verre de la période coloniale (1870-1950), une époque de grands portraits et paysages principalement en noir et blanc, témoignant de l’histoire et la sociologie du pays. La richesse et la qualité de leur fonds leur permet de renouveler fréquemment les expositions.
Le jour où j’ai visité ce lieu culturel, dense mais aéré, je me suis amusé des jeux de lumières qui traversaient les salles ainsi que des réverbérations sur les vitres des cadres. Ces miroitements m’ont permis de superposer les photos des personnages d’époque, parfois fantomatiques, aux reflets de la maison qui les abrite. Comme un filigrane ou un palimpseste photographique.
Dans le brouhaha, le capharnaüm des souks ou dans le secret des habitations de la médina, certaines de ces photos anciennes pourraient être encore actuelles et vraies. Ce qui change le plus est peut-être l’habillement des marocains, beaucoup moins sophistiqué et élégant qu’il y a 75 ou 100 ans.
La visite de ce joli musée a été pour moi une étape de délassement, de paix et d’harmonie au cœur de cette ville intense, labyrinthique, inextricable et tourbillonnante. Je conseille de voir et revoir cette maison de la photographie puisque les photos exposées y changent régulièrement. Elle apporte un autre regard sur Marrakech.