Notre voyage en famille à travers la Guinée (avant les horreurs de l'Ebola) était plein d’imprévus et d’étonnements, mais aussi chargé de beautés et de paysages sublimes. Malgré toutes les déconvenues et les peurs, nous rapportons de cette belle aventure de très belles images et de beaux souvenirs.
A Kindia, une ville de l’intérieur de la Guinée, nous étions dans un sommeil très profond, quand à 5h du matin les prières venant de la mosquée toute proche nous ont réveillés brusquement. Le vent devait souffler dans notre direction. Nous nous sommes tournés et retournés, bouchés les oreilles… les fenêtres sont sans vitres. Il est bien 9h et les prières sont loin, très loin. Cette fois c’est la chaleur et une impression d’étouffement qui nous font mettre le nez hors de la moustiquaire.
Celle-ci est pourtant bien rassurante même si je suis « clostro » ; hier soir je l’ai bien badigeonnée « d’insecte écran », en suivant à la lettre les instructions de la notice. Mais malédiction, peut-être maraboutage, en tout cas je découvre sous mon oreiller une belle araignée… en apnée. Ça commence très bien ce matin, je vais avoir beaucoup, beaucoup de mal avec les bestioles. D’autant que la veille en visitant les chutes de Kilissi, j’ai eu l’impression d’être en Amazonie en voyant de grosses bestioles gluantes, genre vers de terre, à 10 000 pattes et de 30 cm de long.
Aujourd’hui, nous partons en direction de la ville de Labé à environ 7h de route. Nous allons entrer dans le Fouta-Djalon, ce massif montagneux culmine aux environs de 1500m d’altitude, c’est le berceau de grands fleuves africains, avec d’innombrables cascades d’une beauté éblouissante. Une végétation dense, forêts, plateaux herbeux, pins puis lacs, falaises de granit et de grès. Les Peuls y élèvent des bovins. Nous y trouverons un peu de fraîcheur puisque les températures nocturnes descendent à 5° ou 10°.
Baignades et concert près des chutes de La Sala
Notre première visite est pour les chutes de La Sala que nous atteignons par une route défoncée et un trajet plus que périlleux. Nous croisons une tribu de petits singes, gris et noirs, très effarouchés. Vues d’en bas, ces chutes sont grandioses. Après les avoir admirées une demie heure, nous nous installons au-dessus pour nous mettre les pieds dans l’eau fraîche, même un peu plus... c’est trop good, le soleil tape. Mon fils et mon gendre nous font un joli concert de djembés, c’est paradisiaque. Après baignades et massages dans l’eau tumultueuse du torrent, nous dévorons un somptueux goûter de sandwichs-sardines pour les uns et sandwichs-bananes pour les autres, cake aux noix, eau en sachet et coca. Un groupe de jeunes femmes et d’enfants viennent laver leur linge dans le torrent, elles sont belles ces femmes, notre fils veut les prendre en photos mais elles refusent. Dommage, j’espère qu’elles resteront gravées dans nos rêves.
Le temps passe trop vite, nous devons prendre le chemin du retour, la nuit tombe vite et il nous faut faire 1h30 de piste avant de retrouver la route goudronnée.
Un pont à découvrir
Près de la ville de Dalaba, nous voulons découvrir le site de « pont de Dieu ». Pas du tout évident à trouver ! Nous demandons notre chemin à droite et à gauche, nous nous engageons sur de petits sentiers dans la forêt Guinéenne, ça glisse, culbute dans tous les sens, nous sommes secoués comme des bouteilles d’Orangina ; enfin nous arrivons au but indiqué, une maison abandonnée, il nous reste un quart d’heure de marche parmi des herbes plus hautes que nous.
Plusieurs enfants surgissent d’on ne sait où, tout autour de nous avec chacun une grosse machette à la main, un frisson nous traverse, mais ma fille ne paraît pas inquiète. De fait, les enfants proposent de nous guider, puis deux autres plus jeunes, dont une petite fille, restent à garder la voiture sur les ordres du plus âgé. Il faut traverser un cours d’eau très glissant et nous les suivons jusqu’au fameux pont creusé dans la roche que nous découvrons enfin.
L’ascension du mont Gan-Gan
Ce jour nous décidons l’ascension du mont Gan-Gan. Il ne doit pas être si terrible que cela, il ne semble pas très haut. Nous démarrons notre randonnée à vive allure, trop vite... le terrain est plat sur 2 ou 3 km, puis arrivent une sorte de savane, des rochers plats... le soleil tape et chauffe, la sueur ruisselle et coule à flot, nous sommes mon mari et moi, rouges et ralentissons rapidement.
Pleins de courage pourtant nous entamons la montée. Nous sommes au pied du mont, mais ce sont maintenant des marches hautes et rudes qu’il faut escalader, le soleil nous accable, c’est de plus en plus raide. Une première halte est indispensable à l’ombre bien épaisse d’un manguier, nous éclatons nos sachets d’eau pour les boire goulûment et nous asperger des quelques gouttes restantes. Nous arrivons enfin dans un petit village annoncé pour la halte. Nous y reprenons tous notre souffle et un peu de fraîcheur sous ce gigantesque arbre qui nous offre son ombre.
Paradis tropical
Heureusement que nous sommes venus jusque-là, car c’est dans un paradis que nous entrons : des bananiers à perte de vue, mandariniers, manguiers, citronniers, orangers, avocatiers, pamplemoussiers. Le terrain est pratiquement plat et il fait meilleur sous cette végétation très dense. Nous apaisons notre soif et reprenons quelques vitamines en savourant ces délicieuses mandarines qui s’offrent à nous sur tout le parcours. Si ce lieu ne ressemble pas au paradis, ce que je ne connaîtrai alors jamais, il en est bien un pour les oiseaux et les cigales en perpétuel concert… et pour d’innombrables papillons aux mille couleurs qui dansent continuellement autour de nous.
Nous n’avons pas pris le bon côté du mont et atteindre le sommet s’avère beaucoup trop difficile et trop risqué de ce côté. Tant pis ! Nous croisons une femme seule faisant sécher son linge sur les rochers un peu au-dessus d’un cours d’eau ; avant de faire demi-tour nous nous posons là, près d’elle pour chanter, danser et rire au son d’un tam-tam improvisé et d’une mandoline africaine. Puis réconfortés nous reprenons nos sentiers de brousse pour la descente.
Mais brusquement, le ciel s’assombrit et devient noir, une grosse pluie d’orage éclate et déferle sur nous ; en 2 mn nous sommes lessivés, rincés, trempés jusqu’ aux os, les rochers au sol glissent, les cascades grossissent, nous avons de l’eau jusqu’ aux chevilles. Nous arrivons enfin dans la plaine sans trop savoir comment. La pluie se calme et le soleil esquisse un sourire, il fait une chaleur lourde, nos vêtements et nos sacs sont pesants de pluie mais nous terminons gaiement le reste du chemin. La bonne aventure au mont Gan-Gan nous a occupés cinq heures.
Petite île, grande aventure
Avant notre retour en France, nous avons décidé de nous offrir une excursion de farniente balnéaire. Nous partons donc pour l’île de Room au large de Conakry. Il faut embarquer dans le port. C’est bien dans un port que nous arrivons, l’odeur du poisson y est forte et tenace. Une population dense s’affaire à débarquer, vendre et acheter d’énormes poissons posés à même le sol. On se retourne sur notre passage car nous sommes toujours les seuls blancs. Des gens essayent de se frayer un passage sur la jetée bondée afin d’accéder aux pirogues et vice versa les gens des îles arrivent en masse. Le sol est jonché de pourritures et de sachets d’eau. Dans l’eau du port, flotte un amas de choses malsaines. Je n’y mettrai même pas le petit doigt.
Il faut parlementer trois quart d’heure avec les piroguiers pour se mettre d’ accord sur un prix raisonnable, encore élevé. Nous grimpons tant bien que mal dans la pirogue, mais heureusement sans toucher l’eau. L’installation dans la pirogue est précaire sur une traverse de vingt centimètre. Nous y sommes en sécurité à condition de ne pas mettre les doigts de pieds sur le fond de l’embarcation qui grouille d’horribles cloportes qui courent sur les parois.
La côte s’éloigne, c’est bon, et agréable de se laisser porter et bercer, Conakry est déjà loin, il fait chaud. Brusque stop ! re-maraboutage ? Pas possible, je n’y crois pas, là au milieu de l’Atlantique le moteur de la pirogue nous laisse tomber, avec toutes ces bestioles à bord, alors qu’à l’autre bout du bateau un homme s’éreinte à écoper depuis notre départ et que nous prenons l’avion la nuit prochaine. Nous n’allons pas rester là ! De plus le décor n’est pas au top : nous sommes entourés de vieilles épaves retournées et rouillées. J’ai quelques minutes de réelle angoisse dans ce lieu hostile. Une demi-heure suffit aux habiles mécaniciens, nos matelots ont tout fait pour asticoter le moteur. Nous ont-ils mis à l’épreuve ?…
Plage, baignade et soleil
Heureusement, les îles se rapprochent et le décor change. Trop bien l’arrivée sur une île ! L’eau est propre, le soleil est au rendez-vous, la chaleur est bien là, le film passe au ralenti. Nous sautons dans l’eau claire et courons sur le sable chaud. Arrêt sur image, c’est bien un autre monde.
Baignades dès notre arrivée, bermudas pour les hommes, maillots de bain + shorts pour les filles oblige…tout le monde s’en donne à cœur joie, les vagues nous tournent et retournent. Pique-nique, bain, chaleur et soleil, que nous avons bien l’intention d’emmagasiner pour cet hiver, font de cette dernière journée un bonheur de plus passé ensemble sur le sol africain.
Il va être temps de rentrer avant que la mer monte et se démonte. Subitement le ciel devient noir, nous aimerions être rentrés avant la pluie, la pirogue risque de vite se remplir. Ouf ! Nous arrivons à temps, mais il y a un ‘’hic’’, la mer est trop basse, impossible d’accoster près de la jetée. Plein d’hommes tentent de faire glisser la pirogue, mais rien à faire. Ils veulent nous porter sur leurs dos.
Sortie imprévue
Dans l’affolement, car l’orage menace, j’entends crier autour de moi « tu dois sauter », « il faut absolument sauter ». Un cauchemar, le vrai cauchemar de ma vie, mais j’y suis bel et bien, mes tongs émergent aussitôt, pas question de les perdre avant d’atteindre le rivage. Nous avons de l’eau jusqu’aux cuisses, c’est immonde, des détritus flottent autour de nous, il y a plein de trucs bizarres et glauques sous mes pieds, j’ai beau courir mes pieds se posent toujours au sol, je m’élève sur la pointe des pieds pour que l’eau n’aille pas plus haut, ça sent les égouts, des poissons au ventre gonflé nagent sur le dos, je suis dans un film d’horreur. Pour me calmer je hurle à gorge déployée. Eberlués, nous croisons un homme très à l’aise, béat, en costume, chemise, chapeau, l’eau en haut des cuisses, à l’écoute de son portable. J’imagine les rires des Africains sur le port en voyant ce spectacle.
- La très belle végétation.
- Le pseudo « gardien » des chutes de La Sala nous harcelait pour nous faire payer la visite.
- Les coups de soleil qu’on n’a pas su éviter.
- Les chutes de Kilissi.
- Les chutes de La Sala.
- Le Mont Gan-Gan.
- Les « échelles de Lébouna ».
- Le « voile de la mariée ».
- Le « pont de Dieu »…