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Aminata Noyer : "partager les trésors des voyages"

Son profil de créatrice de site Internet sur les voyages est atypique. De même que son profil de voyageuse. C’est ce qui fait son charme et qui explique l’originalité de son site BestGlobe.fr

BestGlobe Aminata Noyer

Par vos ancêtres, vous êtes déjà une grande voyageuse?

C’est évident, mon goût pour les voyages a quelque chose d’héréditaire. Quelle que soit la branche de mon arbre généalogique que je regarde, j’y retrouve partout des voyageurs, des nomades et des migrants. Ainsi, mon grand-père maternel, parti de sa petite ville du Lamentin en Martinique, était devenu médecin militaire et lieutenant dans l’armée française avec laquelle il avait parcouru l’Europe et l’Afrique. Pendant la dernière guerre mondiale, il avait rejoint  les forces françaises libres en Afrique d’Est et avait vécu, entre autres, au Cameroun et en Côte d’Ivoire. Je ne l’ai pas connu. J’essaie aujourd’hui de reconstituer son histoire. J’ai déjà fait un premier voyage en Martinique où j’ai retrouvé des traces de lui. Je compte bien y retourner.

C’est en Haute-Volta, l’actuel Burkina Faso, qu’il avait rencontré il y a bien longtemps ma grand-mère maternelle. Celle-ci était une princesse de l’ethnie Peulh, un peuple de nomades par excellence qui parcourt incessamment toute l’Afrique, toujours à la recherche de meilleurs pâturages pour ses troupeaux. De cette rencontre de mes grands-parents est née à Abidjan où ils s’étaient installée toute une communauté de descendants et d’alliés toujours active. 

Mon père en ce qui le concerne était issu de l’ethnie Songhaï et d’un petit village du désert malien à la frontière du Niger. Les maliens sont un peuple de migrants qui s’aventurent aussi bien vers l’Afrique que vers l’Europe. Mon père avait choisi de s’installer à Abidjan. Sa facilité à parler plusieurs langues m’avait  toujours fascinée. Il parlait couramment au moins 5 langues, le Songhaï, le Peulh, l’Haoussa, le Bambara et évidemment le français, la langue dans laquelle il a éduqué ses enfants et pour laquelle il nous a communiqué une passion particulière. Mais il était tout à fait à l’aise avec le « français ivoirien », qui est une sorte de pidgin local. Il suffisait de l’écouter pour voyager.

Vos parents vous faisaient-ils voyager en Afrique ?

Chaque année, pendant les vacances d’été, nous partions pour un long voyage de plusieurs jours sur les routes, aux racines de nos familles respectives, alternativement à Bagassi au Burkina puis à Labezanga au Mali que nous atteignions en traversant le Burkina puis une partie du Niger. J’avais l’impression de vivre les récits d’Amadou Hampaté Ba, un grand écrivain africain que j’ai d’ailleurs eu la chance de rencontrer personnellement à Abidjan.

Puis à l’adolescence, je me suis mise à parcourir de long en large la Côte d’Ivoire pendant les week-ends. J’avais une soif de découverte. Tous ces voyages de mon enfance et de mon adolescence m’ont appris à voir d’autres richesses, d’autres manières de vivre que notre petit cadre de vie privilégié d’Abidjan. 

Lors de ces longues expéditions, nous ne ramenions rien de ce que nous emportions : tous les vêtements, jouets, médicaments et livres étaient distribués à ceux qui nous accueillaient. Mais au retour, nos valises étaient pleines d’étranges souvenirs comme des œufs d’autruches ou des sacs de dattes ou de viande séchée provenant du Mali ou bien des calebasses et des cauris rapportés du Burkina.

Quel a été votre premier voyage hors d’Afrique ?

Ce fut la France avec un premier choc puisque je suis arrivée sous la neige à Marseille, trop légèrement vêtue. A Paris j’étais stupéfaite de découvrir une ville aussi riche où je pouvais voir chaque jour quelque chose de nouveau. Je m’étonnais de beaucoup de choses, par exemple, de voir une file d’attente devant une pâtisserie ou encore d’observer les parisiens qui s’attablaient à des terrasses de café au moindre rayon de soleil alors que je fuyais le soleil comme tous les africains. Mais très vite j’ai souffert d’une grande solitude dans une ville aussi densément peuplée. Les français, avec qui je parlais, ne connaissaient pas ou peu l’Afrique, sinon le Sénégal. C’est ce qui m’a décidée par curiosité à une première escapade vers ce pays.

Avez-vous voyagé en France ?

J’ai eu la chance de rencontrer mon mari qui est un grand voyageur. Tout de suite il m’a emmenée découvrir les régions françaises. Je me souviendrai toujours de mon premier voyage en camping autour de la Bretagne ou de la beauté grandiose des montagnes françaises. J’ai eu plus de mal avec les plages, trop chargées de monde où il manquait à mon goût des cocotiers pour me protéger à l’ombre. Après tous ces voyages, je peux dire que j’aime la France, car j’ai l’impression de ne pas trouver mieux ailleurs.

Et l’Europe ?

A chaque fois qu’on visitait les bordures du territoire français, nous nous permettions une petite incursion que ce soit en Belgique, parfois jusqu’en Hollande, en Suisse, en Allemagne, en poussant jusqu’en Autriche, en Italie, en Espagne, en Grande-Bretagne, … Mais les différences d’un pays à un autre me paraissaient moins marquées qu’entre les pays africains qui, pour moi, sont tous beaucoup plus différents les uns des autres. Le passage dans certaines villes européennes m’a toutefois marquée comme Binche en Belgique où nous sommes arrivés en plein carnaval des Gilles, ou la ville de Rome dont les rues sont un vrai musée à ciel ouvert. Lors de certaines vacances nous sommes allés en Ecosse où j’ai été charmée par les moutons sur les routes étroites des montagnes où deux voitures ne se croisaient pas, par les paysages grandioses et le logement chez l’habitant. En revanche, dans d’autres destinations comme la Bulgarie, que j’ai bien aimée, je n’ai pas eu le même coup de foudre.

Avez-vous fait des voyages professionnels ?

Oui, beaucoup, en Allemagne, en Suisse, au Portugal en Israël,... Mais pour ces voyages, l’important était la rapidité, le confort du déplacement, le gain de temps, l’efficacité. Je n’étais jamais tellement dépaysée, autrement que par la langue, tellement les centres villes occidentaux se ressemblent, couverts des mêmes enseignes. Je n’ai pas eu le temps de voir grand-chose lors de ces déplacements professionnels et j’ai souvent ressenti une impression de déjà-vu. Lisbonne m’a frappée par une pauvreté de certains quartiers qui me rapprochaient de l’Afrique. En revanche, le seul voyage qui m’ait vraiment impressionnée est Israël qui n’est pas un pays comme les autres.

Quels ont été vos voyages hors d’Europe ?

J’ai eu la chance d’en faire un certain nombre, en couple, en famille ou avec des amis. A chaque fois, les pays visités étaient tous très différents et passionnants.  Je suis allée plusieurs fois en Tunisie et  au Sénégal. Au fin fond du Canada, après un stop à Chicago, je suis allée retrouver une amie. Découvrir ces immenses plaines enneigées était pour moi un rêve d’enfant et j’y ai pris un immense plaisir. Comme au Canada, ce qui m’a le plus touchée à la Réunion ou en Martinique est d’avoir été reçue dans l’intimité de familles locales. C’est le meilleur moyen de découvrir un pays de l’intérieur.

Plus récemment j’ai fait un très grand voyage en Thaïlande, au Laos et en Malaisie, mon premier en Asie. Le dépaysement était fort. Et pourtant ! J’y ai retrouvé beaucoup de sensations qui ont réveillé des souvenirs d’enfance comme la végétation, la chaleur, les marchés et le fait de vivre et manger dehors. Pourtant on y vit différemment et on n’y prépare pas de la même manière les mêmes produits.

Avez-vous d’autres manières de voyager que de prendre l’avion ?

J’ai beaucoup voyagé à travers les livres puisque mon goût prononcé pour la lecture me vient de ma petite enfance. J’ai voyagé avec Marc Twain, Tolstoï mais aussi Victor Hugo, Zola ou Balzac,… voire même à travers des bandes dessinées, y compris avec Lucky Luck qui m’a donné envie d’aller aux Etats-Unis.

Mais je voyage aussi en écoutant des histoires de voyageurs. Pendant des années, j’ai suivi les voyages de mon mari à travers ses photos, ses articles ou les récits qu’il m’en faisait. Aujourd’hui, avec l’Internet, je passe beaucoup de temps à lire des histoires de bloggeurs dont certains me font vraiment voyager.

Est-ce de votre fréquentation des bloggeurs que vous est venue l’idée de créer le site BestGlobe.fr ?

En partie, car je compte y développer une rubrique qui sera exclusivement ouverte aux meilleurs bloggeurs afin de les faire connaître. Ce site est la résultante de ma passion du voyage et de ma formation et de ma culture informatique. L’idée est de partager avec le plus grand nombre les trésors découverts lors de voyages et de donner à d’autres l’envie de découvrir ces trésors ou simplement d’en rêver. Avant de créer le site, je cherchais des photos, des vidéos ou des récits de voyages sur les réseaux sociaux. Mon site permettra d’aller plus loin que des partages ponctuels en rassemblant le meilleur du monde des voyages.

Que signifie voyager pour vous ?

C’est découvrir de nouvelles manières de vivre, de nouveaux espaces, c’est rencontrer des personnes différentes pour s’enrichir.

Avez-vous déjà programmé votre prochain voyage ?

Je reste ouverte à l’improvisation mais je sais déjà que j’irai voir le prochain carnaval de Cayenne en Guyane car j’avais pris un grand plaisir à voir ceux de Binche ou de Fort de France en Martinique. Ce sera aussi une occasion d’y retrouver des amis, d’entrer dans la forêt amazonienne ou de découvrir la base de Kourou, ce qui titille mon côté geek.

Destinations concernées: