Routarde déroutante. Aline est comme un papillon, elle volète de pays en pays. En prenant son temps et en sachant se poser et s’arrêter quand le nectar est bon. Elle est libre et insaisissable comme un papillon. Essayez de prendre en photo un papillon posé sur une fleur. Au moment où vous appuyez sur le déclencheur il est déjà parti. Aline, c’est pareil, elle vous fait des pieds de nez, pour ne pas dire des doigts d’honneurs. Je ne l’ai donc pas saisie, mais j’ai simplement observé la liberté de cette voyageuse en solo qui me fascine.
Elle aime les lents et longs voyages, genre tour du monde. Elle raconte : "Le voyage tel que je l’aime c’est bien souvent dortoirs, nourriture de rue, volontariat ou longues heures à sillonner villes et campagne. Elle décrit son tour du monde "bordélique, spontané, intense" et sa vie de routarde : "travailler sur chaque continent en exerçant tous les métiers possibles." Elle admet en même temps : "Ma vie quotidienne ressemble parfois à des montagnes russes. Je n’arrive pas vraiment à l’expliquer à mes proches, ni à la rationaliser".
Forcément, elle se pose des questions au hasard de ses rencontres et de ses "petits et grands chocs culturels", qu’elle raconte. Au Laos, par exemple, en observant les gens elle écrit : "Je n’ai pas vu de salle de bain depuis une dizaine de jours, me contentant des cours d’eau et des pompes artisanales bricolées dans les villages isolés". Devant les laotiens qu’elle regarde à ce moment-là, elle ajoute : "ils n’ont jamais vu les salles de bain auxquelles je suis habituée. Je cligne des yeux et je ne comprends pas ce que je dois ressentir, mon questionnement bobo de voyageuse en bandoulière". Elle me fait penser à l’écrivaine Muriel Cerf.
Personnellement, je suis très sensible à ses photos. "Mon appareil photo, c’est un prolongement indispensable, mon troisième œil", dit-elle. Elle a des talents d’artiste évidents et ses portraits sont attachants, ses clichés… pas clichés, parfois dérangeants ou insolents, ses paysages saisissants. Au terme de son premier tour du monde, elle disait "j’ai vécu plus en huit mois qu’en deux ans, et je vais repartir". Ses photos sont le reflet de la haute concentration de sa vie.
"Farouche et secrète", la provoc est dans ses gènes. "Je suis partiale ? Mais j’espère bien !" se répond-elle à elle-même. Ça se voit dans son style qui titille et dans ses sujets qui ne sont qu’à elle. L’apitoiement envers les voyageuses solitaires l’horripile. Pour elle, c’est limpide : "C’est plus facile de voyager pour une fille. Tout est plus simple". Et elle le démontre. Je n’en dis pas plus (il y aurait tellement à dire). Allez faire un tour sur son blog. Il y a beaucoup d’autres choses à voir. Laissez-vous dérouter. Vous serez fascinés par ses aller-venues.