Les voyageurs prédateurs. Rien à craindre de ces lions-là - qui viennent effectivement d’entrer dans Paris… au Museum national d’histoire naturelle-, car ils sont empaillés ! Leur naturel est pourtant impressionnant. Presqu’aussi vrai que ceux des lions bien vivants et sauvages que j’avais approchés dans le bush sud-africain. Les taxidermistes qui les ont travaillés ont fait des prodiges. Ils sont exposés temporairement dans la Grande galerie de l’évolution du Jardin des plantes proche de la Gare d’Austerlitz. C’est un événement à cause de l’histoire abracadabrante de ces trois lions et de ce léopard taxidermisés.
Leur histoire reflète le combat difficile des douanes visant à protéger les espèces dans le monde en application des conventions internationales, notamment la convention Cites (1). Ces animaux figés post mortem et remis au Museum ont été saisis en mai 2015 au domicile d’un collectionneur de Besançon. Celui-ci affirmait que ces animaux avaient été tués par son père, grand chasseur ! Mais ils avaient été importés frauduleusement. Les douaniers ont donc saisi chez lui 3 lions de Tanzanie et du Botswana, 3 léopards du Zimbabwe et de Tanzanie et un buste de crocodile du Nil. Chaque année des animaux naturalisés (269 en 2014) sont ainsi saisis en France. Mais la douane trouve aussi de nombreux animaux vivants (1400 en 2014), des objets paléontologiques et historiques. Une manière de montrer aux touristes prédateurs qu’ils ne seront jamais tranquilles et que les douanes peuvent intervenir à tout moment chez eux !
Les lions, léopards et crocodiles de Besançon sont ainsi venus enrichir les impressionnantes collections du Museum parisien, patiemment constituées depuis le XVIIIème siècle. Ces spécimen de carnivores de la grande faune africaine complètent d’importantes collections au côté d’autres individus plus anciens, mais provenant de régions d’Afrique différentes. Ils peuvent désormais profiter au plus grand nombre par le biais d’expositions permanentes, temporaires ou d’ateliers pédagogiques ou artistiques. Le lion est mort, mais il rugit encore. Roooarr !
Grande galerie de l’évolution. Museum national d’histoire naturelle (MNHN) 36 rue Geoffroy Saint-Hilaire 75005 Paris. Jusqu’au 5 septembre 2016
(1) En vigueur dans plus de 180 pays et ratifiée en France en 1978, la convention de Washington ou convention CITES (Convention on International Trade in Endangered Species), dite "Convention de Washington", interdit ou impose des restrictions au commerce international des espèces animales ou végétales menacées d’extinction