Ce qui m’a surpris en visitant ce lieu, ce sont les familles et les groupes de sénégalais qui se font photographier fièrement sur les marches devant ce gigantesque « monument de la renaissance africaine ». Cette statue d’un couple et son enfant tendus vers le ciel est incontestablement un lieu populaire et emblématique, comme la plupart des grandes capitales en ont.
Inauguré le 4 avril 2010, pour marquer le 50ème anniversaire des indépendances africaines, ce monument national de plus de 50 mètres de haut (sur une colline de 150 m) était une commande de l'ex président sénégalais, Abdoulaye Wade, qui disait vouloir « restaurer la dignité du continent ». Le projet n’était pas plus stupide que la tour Eiffel à Paris et pouvait même paraître aussi symbolique que la statue de la liberté à New York.
Mais le projet a pourtant été l’objet de vives polémiques et parfois qualifié d’ « art pompier mégalo ». Jugé pharaonique pour un pays en grandes difficultés économiques, il a sombré dans de sombres histoires concernant sa propriété artistique entre le président sénégalais, le sculpteur sénégalais Ousmane Sow et un sculpteur roumain. Puis le pagne porté par la femme a dû être rallongé pour convenir à ce pays musulman alors que les féministes critiquaient la position de la femme en retrait, tandis que la réalisation de l’ensemble, effectuée par une entreprise de la dictature nord-coréenne, soulevait de nouvelles attaques,…
Mais en dépit de cette confusion, du tintamarre et des ricanements de la presse internationale, le monument est toujours là, bien que le président Wade ait quitté la scène politique. Il reste visité par les sénégalais et les touristes de passage, même si ce n’est sans doute pas la plus belle chose à voir au Sénégal. D’ailleurs, si nous devions comparer, combien la ville de Paris compte-t-elle de « caprices de mégalomanes » d’anciens rois, empereurs et dirigeants dont les parisiens se satisfont ?