Voyage curatif. Il y a des plantes comme celle-ci à qui on attribue toutes les vertus curatives imaginables, de la même façon que le ginseng, l’huile d’argan ou la mangouste. L’aloe vera appartient à cette catégorie de plantes mirifiques et merveilleuses qui soignent tout, du moins beaucoup de choses, affirme-t-on. Elle se présente comme une plante grasse en gros bouquet, aux feuilles vertes très charnues et allongées, aux bordures dentelées et se terminant par une pointe griffue. Je me souviens que lors d’une randonnée en Sicile, que l’une d’elles m’accrochant au passage m’avait balafré le bras jusqu’au sang.
J’avais croisé l’aloe vera dans beaucoup de pays de la Méditerranée, notamment sur les terres sèches et cuites par le soleil d’Afrique du Nord où elle semble pousser un peu au hasard. Dans l’île de Lanzarote aux Canaries, une ile aimée des cactus, le paysage de cette plante est différent, car l'aloe vera y est cultivée. J’ai visité une exploitation agricole où sont plantés en rangs impeccables des hectares de cette plante panacée, sur une poussière de lapilli (gravillons volcaniques) noir comme du charbon, au pied des montagnes volcaniques.
La propriétaire qui me recevait a fait une démonstration de découpe de la plante. En l’ouvrant, elle a précisé que le latex vert qui s’écoulait de sa peau était très laxatif. Puis elle a ouvert, sur une planche à découper, l’épaisse feuille pour en extraire, « comme un filet de poisson », la partie gélatineuse du centre. Ce gel visqueux et transparent concentre tous les bénéfices de la plante, surtout s’il est utilisé frais.
« C’est une petite pharmacie », a-t-elle expliqué en énumérant les bénéfices de cette plante : cicatrisation, soin des taches de la peau, des brûlures et des boutons, du psoriasis, des gastrites et ulcères, de bobos de la bouche ou des cheveux, etc,… Pour en faire une crème hydratante, on la mélange à du yaourt et de l’huile d’olive. Pour faire un pealing du visage, on l’associe à du gros sel et du miel,… On l’utilise aussi en boisson, etc.,…
J’ai observé que cette plante se retrouvait dans un nombre incalculable de cosmétiques, de soins de beauté et d’hygiène ainsi que dans des dérivés alimentaires et médicamenteux qui vantent tous les largesses quasi miraculeuses de cette plante. Ce qui me gêne, comme souvent avec ces productions industrielles, est que l’aloe vera n’y est souvent mentionné qu’en quantités infinitésimales. Les fabricants réduisent ainsi leurs coûts de production, tout en bénéficiant au maximum d’un effet marketing sur la bonne réputation du produit en même temps que de prix élevés. Entre le champ de production et le flacon acheté dans une boutique, la force du produit s’est évaporée. Il est donc préférable de consommer frais sur place lors d’un voyage quand l’occasion se présente.