Voyage contraint et femme libre. Ce qui me plait dans ce long téléfilm rediffusé cette année en septembre sur France Ô, c’est le personnage de Mary. Ses voyages - celui qui l’emmène au bagne attachée à des fers à l’autre bout de la terre puis celui de sa fuite éperdue à travers les mers du sud- sont un prétexte pour dévoiler une femme (voyageuse) hors du commun comme je les aime : rebelle, battante, énergique, volontaire, impétueuse, fière, intrépide,… J’ai parfois cru reconnaitre certaines bloggeuses solitaires qui parcourent seules le monde, contre vents et marées.
Dans ce téléfilm australien et anglais en deux parties, le personnage de Mary Bryant n’a pas été inventé, même s’il a été arrangé et romancé. Il a été tiré du journal d’un bagnard anglais de la fin du XVIIIème siècle, William Bryant : "Reminescences on a Voyage from Sydney Cove, New South Wales to Timor". Il raconte son évasion de la colonie pénitentiaire de Botany Bay (l’actuelle ville de Sydney, découverte quelques années plus tôt par James Cook) et sa longue fuite en bateau tout autour de l’Australie jusqu’à l’île indonésienne de Timor qu’il atteint en 69 jours. William avait épousé au bagne la fameuse Mary.
Le téléfilm recentre l’histoire sur Mary, son héroïne qui n’a pas froid aux yeux. "Sache que je ne me suis jamais considérée autrement que comme quelqu’un de libre", lance-t-elle. Pourtant cette fille de pêcheurs anglais ne mangeait pas à sa faim. Pour un petit larcin elle est condamnée à mort ! Peine commuée en prison à vie. A 21 ans, enceinte, elle est donc embarquée pour un long voyage, via Rio et Le Cap, jusqu’au bagne d’Australie. Elle accouche dans la cale et la crasse au milieu des forçats. Arrivée au bagne, elle aura un deuxième enfant de William Bryant qu’elle vient d’épouser. Ces scènes du film me font penser aux bagnes français (pourtant postérieurs) de Saint Laurent du Maroni et des îles du Salut en Guyane ou encore au pénitentier de l'île des Pins en Nouvelle Calédonie.
Dans le bagne anglais d'Australie, Mary ne recule devant rien, même une relation avec un lieutenant anglais pour arriver à ses fins de liberté. C’est avec ses deux enfants qu’elle s’enfuit sur le cotre du gouverneur en compagnie de son mari et d’une poignée de brutes. Poursuivis par le lieutenant anglais, attaqués par les indigènes, divisés et complotant les uns contre les autres, brûlés par le soleil, sur une mer inconnue, ils survivent grâce à la force de Mary. C’est elle qui insuffle le courage aux hommes, n’a pas peur de les haranguer et de tirer la dernière balle pour éviter qu’elle ne serve à tuer l’un d’entre eux…
Les bagnards arrivent finalement à la colonie hollandaise de Timor. Je ne raconte pas tous les rebondissements de la fin de l’histoire et je vous laisse les découvrir en "replay". La seule chose que je retiens, est le tempérament indompté de cette voyageuse, contrainte mais libre, qui n’a jamais baissé les bras "parce qu’elle avait ça dans le sang ".
"L'Incroyable Voyage de Mary Bryant" est un téléfilm australo-britannique réalisé en deux parties de 408 minutes au total par l’australien Peter Andrikidis en 2005 pour la chaîne australienne Network Ten. Il a été rediffusé en septembre 2016 sur France Ô.