Leçon de vie. J’ai visité plusieurs villages dits "ethniques" dans le "triangle d’or" entre Thaïlande, Laos, Birmanie, mais dans cette émission rediffusée plusieurs fois sur France Ô, les Lolos noirs à l’extrême nord du Vietnam m’ont impressionné ! Ils sont l’une des 54 ethnies du Vietnam, une de ces ethnies minoritaires venues jadis de Chine et installées dans de hautes montagnes, très peu accessibles, où, il y a seulement quelques années, des tigres rodaient le soir.
On les appelle "Lolos noirs" parce qu’ils vivent toujours en costumes traditionnels, noirs mais brodés de couleurs vives, même quand ils pataugent dans la boue des rizières sous leurs traditionnels chapeaux coniques. Car ces paysans accrochés aux montagnes, dans leurs villages sur pilotis, sont rudes. Ils ont complètement reconfiguré les panoramas grandioses de leurs montagnes en sculptant tous les flancs les plus abrupts en terrasses miroirs remplies d’eau : des paysages remodelés en rizières comme des œuvres d’art de toute beauté, depuis le flou des brumes du matin jusqu’aux rougeurs du couchant.
Mais, bien plus que les paysages, la force des émissions de "Rendez-vous en terre inconnue" est la rencontre humaine et les émotions qu’elles provoquent. C'est le cas avec ces lolos noirs qui paraissent frêles, minces et minuscules à côté de la vedette prétexte de cette émission, le rugbyman Frédéric Michalak. Les courageuses petites femmes sont fines, belles, gracieuses et d’une élégance qui pourrait inspirer les plus grands couturiers.
Pourtant, elles ne fréquentent ni les podiums de mode ni les projecteurs mais elles travaillent de 5 h du matin à 7 h du soir, les pieds dans l’eau, sous le soleil cuisant en période de repiquage du riz. Pendant que les hommes s’occupent …de la maison et des enfants. Frédéric Michalak qui paraît massif et costaud comme un buffle à côté de ces femmes graciles et légères l’admet lui-même : "il faut être costaud pour être Lolo, c’est plus dur qu’une coupe du monde de rugby". Pourtant il ne s’est essayé qu’à quelques menus travaux, comme la confection de barrières ou le grattage de la terre.
Les femmes et leurs familles choisissent d’ailleurs les maris en vue de mariages arrangés sur un seul critère : ils doivent être travailleurs. Dans ce village paisible et uni, une autre grande qualité humaine est la solidarité. Les familles se montrent très proches les unes des autres, s’entraident et se rendent visite chaque soir. Le dîner de Frédéric Michalak et de Frédéric Lopez (curieusement transparent dans cette édition) était ainsi suivi par tout le village comme un dîner du roi soleil à Versailles.
Enfin, une autre qualité essentielle qui resplendit dans cette émission (une des plus belles de la série) est l’expression souriante et rieuse des tous les villageois, malgré le poids de leur travail. "Le sourire provoque le meilleur chez l’autre", explique l’un d’eux. Une évidence à peu près oubliée dans nos sociétés occidentalisées. On partage la joie vraie et simple de ces paysans quand la pluie tombe enfin et remplit les rizières, promettant de bonnes récoltes. J’ai aimé cette leçon de vie.
France Ô, rediffusion du dimanche 6 septembre 2015, 20 h 45 … et pour ceux qui l’auraient ratée, demain mardi 29 sept 2015 à … 2 heures 05