Trip et frissons au top. A l’entrée du Phinda Mountain Lodge en Afrique du Sud, quelque part entre la ville de Durban et la frontière du Swaziland, un personnel très stylé, souriant et prévenant accueille les arrivants dans ce coin perdu de la forêt, en présentant boissons et serviettes rafraichissantes. Mais un panneau accroché entre des buissons - que je prends plaisir à vous traduire entièrement et que j’ai photographié-, attire mon attention : «Sécurité des hôtes. Aucune barrière n’empêche les animaux de circuler dans le lodge. On trouve des lions, léopards, éléphants et buffles dans la réserve privée de Phinda. Rien ne les empêche physiquement d’entrer dans l’aire du lodge. On trouve des serpents venimeux et des scorpions partout dans la réserve. L’établissement n’accepte aucune responsabilité pour blessure, décès, perte ou dommage. Les personnes qui entrent dans la réserve et utilisent nos services le font entièrement à leurs propres risques. Phinda est situé dans une zone impaludée. En aucune circonstance, un hôte ne doit marcher de nuit dans ou autour du lodge sans être accompagné par un employé de l’établissement ».
Le contraste est saisissant entre la décontraction du personnel très jeune et la dureté de l’avertissement. Pour mettre dans le bain, il faut parcourir à pied un petit bout de sentier avant d’arriver au lobby. Cet écolodge très haut de gamme situé sur le sommet d’une petite montagne offre un panorama saisissant sur une étendue de forêt où se cachent ces animaux tant redoutés. Il est composé de 25 suites qui sont autant de villas disséminées dans cette forêt. On nous recommande, avant d’aller ou de revenir de notre suite, de demander un accompagnement. D’ailleurs, avant d’arriver dans ma villa sous la protection d’un gardien, je croise un troupeau de springboks. Gentils, mais frisson garanti ! Je me retourne à chaque craquement entre les branches !
Ces villas sont luxueuses et très spacieuses, lumineuses avec de grandes baies vitrées, offrant une vue dégagée sur une portion de forêt, sans vis-à-vis. Je me sens tout à fait isolé et tout semble absolument paisible, enveloppé de chants d’oiseaux. La déco est de style explorateur, avec tableaux de chasse, gravures de guerriers zoulous, peaux de bêtes,… Et forcément je pense à Stanley, Livingstone et aux autres qui n’avaient pas le confort dont je profite. A l’extérieur de la villa, il y a une petite piscine privée entre les arbres, une douche, une terrasse avec transats pour le bronzage. Mais le fin du fin de ce luxe, ce pourquoi les visiteurs paient très cher, reste le risque d'une rencontre avec un grand fauve.
Dès l’après-midi je m’insère dans un safari photos. Nous partons dans de grands 4 X 4 ouverts avec trois rangées de sièges surélevés à l’arrière. Pas besoin d’attendre longtemps. Le pisteur assis sur le capot avant nous alerte. Nous croisons les premiers animaux au bout de quelques centaines de mètres. Très vite, nous approchons deux guépards tapis dans des hautes herbes, puis une famille de lions avec les lionceaux qui batifolent autour d’un point d’eau où des girafes ont peur d’approcher. En quelques heures, nous verrons chacun des « big five » (lion, éléphant, buffle, léopard, rhinocéros) qui pullulent dans cette réserve à haute densité animalière, mais aussi des foules d’autres espèces d’animaux.
Avant de me coucher je dois faire la chasse à des dizaines d’insectes très bizarres attirés par la lumière et qui se sont infiltrés entre les jointures de ma chambre pourtant hermétiques m'a-t-on dit et malgré les précautions et répulsifs répandus par le personnel. Je m’endors en laissant tous les rideaux ouverts devant mes baies vitrées au pied de mon lit, espérant secrètement être réveillé par le spectacle du passage d’un lion, d’un troupeau de buffles ou d’un gros rhino. Mais je ne verrai de grands fauves que dans mes rêves. Au réveil, avec la lumière du petit matin, je ne peux pas profiter de ma piscine ni de ma douche extérieure parce que des singes se sont invités sur mon balcon. Ils ont l’air sympas mais un peu fous !