Voyage subi. « Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage » : lorsque Joachim Du Bellay a composé ce vers, il a créé un mythe, le mythe du « beau voyage » d’Ulysse. Certes Ulysse a fait un long voyage, mais ce n’était pas un « beau voyage ». Ulysse lui-même dit et répète dans le récit de Homère qu’il a « souffert de maux innombrables », en un mot qu’il n’était pas « heureux ». Car ce long voyage de 20 ans, ballotté autour de la Méditerranée, n’était pas choisi. Ulysse après la guerre de Troie (décrite dans l’Iliade) veut rentrer au plus vite dans son île d’Ithaque pour retrouver sa femme Pénélope. Au lieu de cela il est embarqué avec ses compagnons contre son gré dans des errances dont lui seul sort vivant. Tout au long de ses périlleuses aventures, il est impuissant, le jouet des dieux de la mythologie grecque. Certains sont bienveillants comme la déesse Athéna ou Hermès. D’autres malveillants comme Poséidon ou Circé, voire la nymphe Calypso qui le retient prisonnier par amour.. Ses embarcations sont comme des coquilles de noix malmenées sur la « vaste mer ». Seules sa ruse (par exemple face aux sirènes ou au cyclope) et sa prudence atténuent les effets de ce voyage chaotique baigné de larmes et de sang. Son voyage n’est pas une aventure sur le chemin de l’exotisme mais une tentative désespérée de trouver le « chemin du retour ». Pourtant cette odyssée (puisque le titre de Homère est devenu un nom commun), écrite il y a environ 3000 ans reste la référence dans la littérature et l’imaginaire des voyageurs et aventuriers. Homère a inspiré tant et tant d’écrivains et de voyageurs et laissé tant de formules dans le langage courant (comme « tomber de Charybde en Scylla ») qu’il vaut mieux le connaître avant de partir pour rappeler au voyageur sur cette terre qu'il ne peut pas tout maîtriser.
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